Dans une chronique précédente, nous avons démontré que le marché du travail canadien n’avait pas retrouvé ses couleurs des beaux jours d’avant la grande récession de 2008.

Bon nombre de chômeurs se sont désespérés d’être réembauchés et ont quitté le marché du travail. Certains pour les études, d’autres vers une préretraite de force (en attendant d’avoir droit aux rentes publiques), et certains sont même tout bonnement rentrés à la maison, à s’occuper de la marmaille.

Le nombre de chômeurs reste élevé. En 2009 au Canada, il y en avait 1,6 million. En 2014, il y en a 1,3 million. Au Québec, ils étaient 350 000 en 2009. En 2014, ce n’est guère moins, puisque Statistique Canada recense en moyenne lors de ses relevés mensuels encore quelque 340 000 travailleurs en quête d’emploi, depuis le début de l’année. En Ontario, il n’y a à peine que 100 000 chômeurs de moins qu’au sommet de la crise il y a six ans, passant de 650 000 à 550 000 aujourd’hui.

À noter, lorsqu’on parle de chômeurs, il s’agit de personnes sans emploi qui en cherchent un activement, et non pas de prestataires d’assurance-emploi. La nuance est de taille, puisque moins de 4 chômeurs sur 10 ne se qualifient pas pour les prestations du programme fédéral.

Bref, tout ça rend la question très pertinente : combien de temps en faut-il pour se trouver un autre emploi dans un pareil contexte? À plus forte raison lorsque vous n’êtes pas admissible à l’assurance-emploi. Les économies personnelles fondent vite.

Réponse : presque 6 mois!

Selon Statistique Canada, au Québec en octobre dernier, il fallait 22 semaines pour se retrouver un emploi. Dans l’ensemble du Canada, c’est 21 semaines. Dans les autres provinces, ça varie de 24 semaines au Nouveau-Brunswick, 23 en Ontario, et une quinzaine dans les Prairies.

Pour le Québec, il s’agit d’une amélioration par rapport à il y un an (23 semaines), mais une détérioration par rapport à l’hiver dernier, où il fallait un peu plus de 20 semaines pour se retrouver du boulot.

Ces données incluent tous les chômeurs. Là encore, il y a une nuance importante à faire. En retirant des chiffres ceux qui le sont depuis 2 ans et plus, la moyenne diminue. Ainsi, on peut dire qu’en moyenne, un Québécois au chômage mettra 5 mois à se retrouver du boulot (ou 19,8 semaines).

C’est moins pire que ça ne l’était en 1996, une époque semblable à aujourd’hui où le Québec en était aussi à 5 ans après la fin d’une récession. Cette année-là, il fallait jusqu’à 7 mois et demi, en moyenne, pour retourner au travail. Le quart des chômeurs l’étaient depuis plus d’un an.

Pourquoi est-il pertinent d’exclure les chômeurs de longue durée? C’est qu’un très grand nombre d’entre eux ne retourneront jamais au travail, faute d’employabilité.

Globalement, un chômeur sur 3 (36%) l’était depuis moins d’un mois. Puis, 28% l’étaient depuis entre 4 et 12 mois. Enfin, 14% des chômeurs l’étaient depuis plus d’un an.

Autre comparatif : En Grèce, selon l’Organisation internationale du Travail, 70% des chômeurs (ils sont 1,3 million!) le sont depuis plus d’un an. Au Québec, ils sont 40 000 à être sans-emploi depuis plus d’un an, soit 14% de tous les chômeurs.

10 : nombre d’offres d’emplois avant d’obtenir un job

5 : sur ces 10 vous mèneront en entrevue

80% : rejet des candidatures sur-le-champ par les employeurs

Source : sondage de Workopolis