À la recherche d'un sens à son travail

Les Y accordent beaucoup d’importance au « sens » qu’ils donnent à leur travail. Ils en veulent un qui respectent leurs valeurs, qui semble utile. Tous les emplois ne se qualifient peut-être pas… Et n’est-ce pas trop demander à un emploi?
par Jean-François Parent
La place de plus en plus importante que prennent le savoir et l’éducation dans l’économie actuelle a relégué le travail à la chaîne au second plan. L’exécution monotone et répétitive de tâches sur une chaîne de montage n’a plus la cote. On veut des défis, de la croissance, des rêves réalisés.
Parallèlement, le travail en lui-même est de moins en moins la chose la plus importante dans la vie d’une personne. La vie sociale, la famille, l’amour, tout cela compte beaucoup pour de plus en plus de gens (et avec raison). D’où l’importance des mesures comme la conciliation travail-famille, par exemple, pour retenir les employés.
Le sens du travail
L’Organisation mondiale de la santé soutient que lorsqu’un individu considère que son travail n’a pas de sens, son bien-être psychologique est menacé. D’où l’idée qu’un employé heureux au travail est un employé productif.
Le consensus au sein des experts sur la question est que plus votre travail correspond à vos idées sur la vie ou vos valeurs morales, plus il vous permet de vous épanouir.
Et plus vous travaillerez fort.
Il y a plusieurs façons pour un employé d’être enthousiaste à l’idée de se lever tôt un lundi pluvieux de novembre pour se rendre au boulot. Faire le bien et servir la communauté, faire face à des défis stimulants ou avoir l’occasion de démontrer de la créativité sont des choses qui peuvent rendre un emploi satisfaisant.
La reconnaissance du travail accompli ou de bonnes relations avec les collègues sont d’autres facteurs contribuant à rendre quelqu’un heureux au travail. Plus une personne a un sentiment d’accomplissement dans son travail – en éduquant un enfant, en rendant service à un client, en enrichissant ses actionnaires ou en protégeant la population –, plus grand sera son bien-être.
Trouver le sens là où il est
Trois visions s’affrontent quant au sens que le travail doit avoir pour un individu. Chaque début d’année, à la période des REER, on a l’impression que le travail ne sert qu’à financer sa retraite, attendue impatiemment. Le bonheur, c’est lorsqu’on ne travaillera plus.
D’autres pensent au contraire que seuls quelques boulots offrent un environnement stimulant. Par exemple, les pompiers étant des héros pour tout le monde, ça ne peut être qu’un travail génial, n’est-ce pas ? Beaucoup plus, assurément, que le boulot d’éboueur.
Il y a enfin l’idée selon laquelle tous les boulots peuvent contribuer à la santé psychologique d’une personne : il s’agit de trouver le sentiment d’accomplissement là où il est. Augmenter la sécurité d’une chaîne de montage, rigoler tous les jours avec les collègues ou faire partie de la meilleure équipe de hockey cosom corporative de la province sont quelques façons de s’accomplir autrement qu’en fabriquant des ampoules.
Mais s’il n’y a pas de sens?
C’est la question à laquelle répond le magazine américain Forbes sur l’un de ses blogues. On peut pallier le manque de stimulation à son boulot actuel en passant quelques soirs et fins de semaine à plancher sur une idée d’entreprise. Ou en écrivant un roman, en construisant un avion ou en retapant des meubles antiques. On peut aussi tenter de remporter le prochain marathon de Montréal : l’idée est de s’accomplir à l’extérieur de son travail, en espérant ramener cette énergie au boulot le lendemain matin.
Est-ce que cela vous rendra plus heureux ? Peut-être, peut-être pas. Mais il y a un avantage certain : le moment où l’on cesse de penser que le travail quotidien doit nécessairement nous apporter du bonheur est le moment où l’on a progressé.
La nature du travail n’aura pas changé. Mais votre attitude, oui. Assez, en tout cas, pour vous permettre de continuer à encaisser les chèques de paie jusqu’à ce que vous soyez prêt à vous lancer à votre compte.
Ou à trouver un autre emploi.