L’industrie aéronautique et aérospatiale québécoise a besoin de bras. Beaucoup de bras. C’est plus que jamais le moment d’intégrer ce secteur très exigeant, mais passionnant.

Ce n’est pas la crise pour tout le monde, et surtout pas pour l’aéronautique et l’aérospatial. Alors que le secteur manufacturier connaît un ralentissement, ce qui vole est en pleine ascension partout sur la planète. Et le Québec, qui constitue l’un des pôles majeurs de cette industrie, tire particulièrement bien son épingle du jeu.

Ceci n’est pas une bulle
Fait remarquable, il ne s’agit pas d’une bulle, mais d’une tendance bien établie. « Notre rythme de croisière a été d’environ 6 % de croissance par an dans les 25 dernières années », explique Suzanne Benoît, porte-parole d’Aéro Montréal, la grappe aérospatiale de la province. « Et la cadence devrait encore s’accélérer pour atteindre un nouveau pic en 2017, notamment avec la C-Series de Bombardier. » Rien que pour cette gamme d’appareils, l’avionneur québécois devra recrouter et former à l’interne plusieurs centaines de personnes.

La crise loin derrière
L’industrie aéronautique et aérospatiale québécoise a bien laissé quelques plumes dans la crise de 2008-2009, mais elle a déjà retrouvé et même dépassé son volume record, soit environ 42 000 postes. Un emploi sur 96 est relié à ce secteur dans la grande région de Montréal, la plus forte concentration au monde. À l’échelle de la province, c’est un emploi sur 189. Mais cela ne suffit pas. « Nous avons 2 900 emplois à pourvoir qui se reportent d’année en année », poursuit Mme Benoît. « À ce chiffre s’additionnent 2 323 postes qui devront être créés rien que pour 2013 dans des métiers comme ingénieur, machiniste, monteur de structures ou pilote. »

Et la situation ne devrait pas s’inverser de sitôt, bien au contraire. Comme toutes les industries dynamiques des pays développés, l’aéronautique et l’aérospatiale doivent faire face au défi du vieillissement de la main-d’œuvre. « L’âge moyen des travailleurs du secteur est de 43 ans pour le Québec. Chez Pratt & Whitney, c’est 49 ans et chez Bombardier, 53 », énumère Mme Benoît. « Résultat, 30 % de nos employés vont partir à la retraite dans les dix prochaines années. »

Le Québec, et en particulier Montréal, n’est pas le plus mal loti pour remplacer ces départs. Rien que dans la métropole, quatre facultés de génie offrent soit une formation spécifique en aérospatiale (École polytechnique), soit une concentration dans ce domaine en génie électrique, mécanique ou informatique (École de technologie supérieure, McGill et Concordia). En région, c’est aussi le cas de l’Université de Sherbrooke et de l’Université Laval à Québec. Ces différents pôles de formation se coordonnent d’ailleurs pour orienter la crème de leurs étudiants en génie dans ces programmes.

Cols bleus demandés
La pénurie de main-d’œuvre est donc finalement moins aiguë chez les ingénieurs que chez les techniciens, car il y a moins d’établissements qui forment les cols bleus. L’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal offre un programme intensif de 9 à 12 mois aux jeunes qui sortent du secondaire ; l’École nationale d’aérotechnique du Collège Édouard-Montpetit à Longueuil forme des techniciens de pointe en avionique, en construction et en maintenance des appareils.

Comme les effectifs de ces programmes spécialisés restent trop faibles pour répondre à la demande du secteur, l’aéronautique et l’aérospatial constituent de réelles opportunités de reconversion pour les travailleurs d’autres industries où la situation d’emploi est plus difficile. « D’autant que nos salaires sont environ 40 % supérieurs », précise Mme Benoît.

Mais attention, ne devient pas « aéro » qui veut. S’il est un monde d’exigence, de rigueur et de réglementations draconiennes, c’est bien celui-là. Pas question donc pour le secteur de recruter une masse de main-d’œuvre et de la former sur le tas, comme l’informatique a pu le faire au début des années 2000. « Nous avons besoin de gens très responsables, très soucieux du détail, excellents en sciences et qui mènent une vie stable », prévient Mme Benoît. « En outre, les études dans ce domaine sont difficiles : il faut être déterminé, consciencieux et travailleur. »

Mais que cela ne vous décourage pas, car une carrière la tête dans les nuages n’a jamais été aussi accessible que maintenant.