Ça ne fait peut-être pas 100 ans que j’analyse les données de l’emploi, mais de mémoire de moi-même, c’était la première fois que j’assistais à une telle correction de la part de Statistique Canada.
Vendredi 8 août, l’agence fédérale publie son bilan mensuel de l’emploi, avec une annonce très décevante de seulement 200 emplois créés pour tout le pays. Le mardi suivant, stupéfaction quand Statistique Canada avoue qu’elle s’est gourée d’aplomb avec ses chiffres publiés le vendredi précédent. Et qu’elle doit tout, tout, tout revoir.

Qu’on ne se trompe pas : l’erreur est une des qualités intrinsèques de la science statistique. Régulièrement, les grandes agences comme Stat Can publient des chiffres révisés. Mais d’habitude, la révision est si marginale qu’elle n’est signifiée que dans le rapport suivant, puisque ça ne change rien au fin mot de l’histoire.

Mais cette fois-ci, la correction est magistrale : on a oublié de compter 41 500 emplois!

Bilan peu reluisant
Ça semble une bien meilleure note – et ça l’est – mais les données de juillet sont loin d’être satisfaisantes. Surtout lorsque, que partout au pays, à Ottawa comme dans chacune des 10 provinces, les gouvernements en place se targuent d’être les champions de la croissance d’emplois.

Or, en juillet, le Canada comptait 18 000 emplois à temps plein de moins qu’en juin. Sur 12 mois, il s’en est perdu à Terre-Neuve, en Nouvelle-Écosse, au Nouveau Brunswick, au Québec et au Manitoba. En Colombie-Britannique, en Ontario et à l’Ile-du-Prince-Édouard, la croissance a été très marginale, voire nulle (si tant est qu’une croissance nulle soit possible).

Bref, reste l’Alberta et la Saskatchewan, encore, avec un total de 52 000 emplois à temps plein de plus à leur deux. Autrement dit, en dehors de la production pétrolière, l’économie canadienne a détruit 14 500 emplois à temps plein.

Toujours rien…
Au Québec, l’effet libéral magique promis en campagne électorale, ce printemps, par le premier ministre Philippe Couillard, se fait attendre : encore une faible croissance de l’emploi, avec un ajout de seulement 1900 postes. Gracieuseté des employeurs à temps partiel, car quelque 21 000 emplois à temps plein ont disparu de la carte par rapport à juin. Ce qui efface tous les gains enregistrés ce mois-là.
Depuis avril, il ne s’est créé que 2000 emplois au Québec. Le taux de chômage est passé de 7,6% en avril à 8,1% en juillet.

La bonne nouvelle dans ce tableau relativement sombre du marché de l’emploi québécois : le regain du secteur manufacturier : 16 000 emplois créés dans nos usines en juillet, qui s’ajoutent aux 2500 de juin. Une donnée positive le jour où, ironie suprême, un fabricant chinois de matériel de lutte contre les incendies annonce la construction d’une usine à Saint-Bruno, sur la Rive-Sud, dont toute la production sera exportée… en Chine!

Le bilan de juillet aurait pu être encore plus positif, si les fermetures officielles de deux grandes usines – Mabe et Electrolux – n’avaient pas eu lieu le mois dernier.

Ailleurs au pays, le secteur manufacturier a plutôt coupé des emplois. Dont en Ontario, il y en avait quelque 23 000 en moins depuis le début de l’année.

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L’emploi en juillet au Canada

Québec : +1 900
Ontario : + 39 500
Prairies : + 2 700
Maritimes : -2 500
Colombie-Britannique : 0