¤ Le Québec perd encore des emplois à temps plein; un sixième mois sur sept

¤ Il y avait en octobre 90 000 emplois à temps plein de moins qu’il y a un an

¤ Taux de chômage en hausse, à 7,7%

¤ Le Québec affiche la seconde pire performance provinciale, tout juste derrière Terre-Neuve

¤ Sur 12 mois, seule Terre-Neuve fait pire que le Québec en création d’emplois temps plein

¤ Au Canada, le taux de chômage atteint son meilleur niveau en 6 ans : 6,5%

 

Vous l’avez lu dans votre journal du week-end dernier : la situation de l’emploi au Québec est désespérante, avec les chiffres d’octobre publiés vendredi dernier.

Et pourtant, ça ne va pas si mal. Ça va même bien. C’est pas le paradis, mais ce n’est pas non plus l’enfer décrit par de nombreux commentateurs.

Il y a eu des périodes d’effervescence économique, comme lors des années 1999 – 2003, puis aussi au milieu des années 2000, tout juste avant le krach de 2007, pendant les lesquelles à droite comme à gauche, on se félicitait de la vigueur du marché du travail. Personne ne criait à la crise, ni n’exigeait un plan d’urgence, comme ces temps-ci.

Et pourtant… En toute objectivité, les chiffres de l’emploi étaient encore moins reluisants qu’ils ne le sont aujourd’hui : taux de chômage plus élevé, taux d’emploi et d’activité plus bas… Par exemple, en 2000, le taux de chômage s’était maintenu en moyenne à 8,5% (contre 7,7% aujourd’hui).Depuis cette année-là, le taux de chômage annuel moyen a été plus élevé 11 fois, contre 3 où il était plus bas, que celui des 12 derniers mois.

Et même en comparant au reste du pays, le Québec faisait franchement dur en 2000 : le taux de chômage au Canada était à 6,8%, le même qu’en septembre… 2014! Autrement dit, l’écart entre le taux de chômage québécois avec celui du Canada dans son ensemble était deux fois plus gros en 2000 qu’il ne l’était en octobre dernier. Si la comparaison du marché de l’emploi québécois avec le reste du pays est un éléphant dans la pièce aujourd’hui, il devait être l’équivalent d’au moins deux mammouths, il y a 14 ans.

Entre 2000 et 2008, l’écart entre les taux de chômage québécois et canadien dans son ensemble était entre 1,2 point et 2 points de pourcentage. Puis arriva la crise. Entre 2009 et 2012, l’écart pouf, a disparu! Le Québec présentait à peu près le même taux de chômage que le Canada, avec un écart situé entre 0 et 0,2 point. En 2013, par contre, l’écart s’est rouvert, à 0,5%, mais encore loin des 2% d’il y a une douzaine d’années. Ces derniers mois, il s’est maintenu à plus ou moins un point de pourcentage.

Et c’est ainsi qu’on peut se demander si nous n’assistons pas un retour à la programme régulière, après quelques années de présentations spéciales où le marché du travail québécois affichait une forme inédite en à peu près 150 d’histoire commune avec le Dominion, par rapport aux autres à son ouest.

Rappelons-nous en 2012 : en termes croissance d’emplois, le Québec était arrivé au deuxième rang des provinces, et en croissance d’emplois à temps plein, il était premier. Et une forte croissance de près de 3%, alors que la démographie d’ici au ralenti devrait nous permettre une croissance d’à peine 1%. L’automne 2012 avait été notamment spectaculaire : quelque 80 000 emplois à temps avaient été ajoutés en 4 mois, de septembre 2012 à janvier 2013.

Il y avait, ce mois-là, 117 000 emplois à temps plein de plus qu’en octobre dernier. Pour à peu près le même nombre de personnes actives qu’aujourd’hui.

Et il est peut-être le problème : le Québec n’a pas su garder son élan, et depuis, les choses stagnent trop. Il manque 120 000 emplois au Québec. Au Canada, c’est 600 000 jobs qui auraient dû être présentes en 2014 et qui ne le sont pas. Je vous explique dans une prochaine analyse.