MBA : trois petites lettres qui ont toute une renommée, mais font-elles vraiment la différence sur un CV? Le MBA a-t-il la cote auprès des employeurs? On a posé la question à des recruteurs professionnels.

« Le MBA n’est pas un gage de quoi que ce soit… Le diplôme s’ajoute à un profil, et c’est le portrait complet qui est important. En général, le MBA envoie des signaux positifs, mais ce n’est pas un élément nécessairement recherché ou “récompensé” », dit Éric Mallette, associé à La Tête chercheuse.

Marc Beaudoin, vice-président de St-Amour, une agence de recrutement, a une opinion semblable : « Le MBA n’est jamais un critère demandé par nos clients. Au mieux, c’est considéré comme un atout. »

Les gens avant le diplôme
Les trois petites lettres en disent long sur le candidat… mais sans en dire assez, selon les spécialistes en recrutement.

« Travailleur, acharné, ambitieux… Réussir un programme de MBA démontre de grandes qualités, pense Éric Mallette. En général, les gens ont attaqué ça de soir, en conjuguant une carrière professionnelle et des contraintes personnelles : ils ont bûché ! »

Selon Marc Beaudoin, le diplôme n’est toutefois pas un gage d’une qualité essentielle en gestion : le leadership naturel. « Ça, c’est une question de personnalité et de volonté », précise le spécialiste de St-Amour.

Ainsi, bien que la mention d’un MBA dans un CV mette en lumière avantageusement certains attributs du candidat qui peuvent lui permettre de se démarquer du lot, celui-ci doit forcément s’attendre à les démontrer en entrevue.

Pour ces mêmes raisons, le MBA est surtout valorisé dans le cadre de promotions internes. Le candidat est alors connu, et la valeur ajoutée de la formation, bien mise en contexte.

Les bonnes raisons de faire un MBA
Un MBA est un diplôme généraliste de 2e cycle qui vise à accéder à des postes de direction par l’approfondissement de connaissances et structures de travail permettant de bien piloter à travers les enjeux organisationnels. En somme, si là est notre ambition, la formation peut être judicieuse.

Quant à savoir si elle est véritablement utile, il faut se pencher sur le secteur d’activités qui attire le candidat. En effet, certains milieux, par exemple la finance ou les grandes institutions bancaires, valorisent davantage le MBA, voire l’exigent, alors que ce n’est pas le cas dans d’autres secteurs d’activités.

De plus, les diplômes antérieurs influencent la perception de cette formation. Selon Éric Mallette, ce sont les spécialistes – les ingénieurs, notamment — qui ont le plus à gagner en obtenant ce diplôme généraliste de deuxième cycle, puisque les compétences enseignées ont une valeur ajoutée complémentaire à leur expertise déjà acquise.

Bien entendu, on peut aussi choisir de s’attaquer à un tel programme par intérêt personnel ou envie de dépassement, sans toutefois se faire des attentes sur le retour possible de la formation.

Une chose est certaine : si on souhaite faire un MBA pour l’argent, on a tout faux. Bien que le ministère de l’Éducation du Québec chiffre l’augmentation salariale à près de 60 % après l’obtention du diplôme et que plusieurs écoles n’hésitent pas à préciser la hausse de salaire moyenne de leurs diplômés, la réalité est autre sur le terrain.

« Nos clients ne veulent pas dépenser un sou de plus pour un diplômé de MBA. Le salaire dépend des responsabilités et du rôle, seulement. S’il y a une augmentation du revenu à la suite d’un MBA, elle vient de la promotion. Et celle-ci est rarement attribuable à un diplôme, mais plutôt à une démonstration de compétence », dit l’associé à la Tête Chercheuse.

« C’est une grosse erreur pour un candidat de penser qu’il vaut 10 000 $ ou 15 000 $ de plus à cause de son MBA. Nos clients ne voient pas les choses de cet œil. Ils s’attendent plutôt à des actions concrètes : Entre chez nous, apprends, fais ce qui doit être fait, et on verra si tu dépasses les attentes et mérites d’autres responsabilités… qui elles sont associées à une hausse de salaire », conclut Marc Beaudoin.