Besoin d’un revenu d’appoint ? Avouez que vous avez songé à Uber…

par Maxime Bilodeau
Les travailleurs semblent chercher avidement un revenu d’appoint, car « comment devenir conducteur Uber » est la recherche d’emploi la plus fréquente sur le moteur de recherche Google en 2015…
C’est le Globe and Mail, à partir de données fournies par la société de Mountain View, qui révèle ce fait inusité. Au top 10 des recherches de type « comment devenir… », « chauffeur Uber » accapare le premier rang devant d’autres emplois tels que disc-jockey (DJ), espion et physiothérapeute.
Des résultats qui ne surprennent guère Olivier Germain, professeur au Département de management et de technologies de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Selon lui, le service de réservation de voiture avec chauffeur répond à un réel besoin chez plusieurs : celui de tout simplement travailler.
« Le marché du travail d’aujourd’hui est fermé à beaucoup de gens. Dans un contexte de chômage persistant et de précarité croissante, ça ne me surprend guère qu’Uber exerce une telle fascination », analyse celui qui a suivi des chauffeurs de l’entreprise californienne dans le cadre de leurs fonctions.
Ceux qu’il a rencontrés évoquent d’ailleurs l’absence de barrière à l’entrée et la flexibilité de la formule comme deux raisons qui font d’Uber un choix gagnant : « Un chauffeur n’a pas de CV à donner, ni de compétences à démontrer car Uber accepte tout le monde. Il a juste besoin d’avoir une voiture, de s’enregistrer et d’allouer de son temps selon ses disponibilités et ses besoins monétaires. »
Revers de la médaille
Or, ces mêmes chauffeurs Uber témoignent également de l’aspect plus sombre de leur « métier » : le contexte de concurrence dont ils sont victimes. Ni formés ni encadrés, ils sont laissés à eux-mêmes, contraints de développer leurs propres stratégies personnelles pour prospérer. C’est le triomphe de la loi du plus fort.
« Uber recourt aux services de milliers d’entrepreneurs anonymes et interchangeables avec qui aucun lien de travail n’existe. C’est le paroxysme de la mise en concurrence entre les individus d’une même organisation », lance Olivier Germain. Selon lui, Uber met carrément de l’avant un modèle de société « des travailleurs autonomes, où tout le monde serait pigiste ».
Car derrière Uber et l’idée de l’économie du partage qu’il a contribué à façonner, il y a une remise en question du monde du travail tel qu’on le connaît. La façon de percevoir les impôts et les taxes doit être repensée, tout comme celle d’assurer les travailleurs et de les protéger des abus. « On assiste à une confrontation entre un ancien monde et un nouveau, illustre le professeur. Des deux côtés, des gens tentent d’en vivre. »
Chose certaine : nous n’avons pas fini d’en entendre parler. Déneigement, survoltage de voiture, stationnement : aucune facette de notre quotidien n’échappe à « l’ubérisation de l’économie ». « On parle même d’ubésiration de l’enseignement », rapporte Olivier Germain.
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