Ce que femme veut

Les femmes d’aujourd’hui sont décidées, prêtes à faire des sacrifices et compétentes. Mais une enquête du cabinet McKinsey dans 12 pays européens et asiatiques révèle que les mentalités doivent encore évoluer si elles veulent conquérir les plus hauts échelons.
Ce sont 79 % des cadres féminines qui souhaiteraient obtenir des postes dans la haute direction au cours de leur carrière, contre 81 % des hommes. Les répondantes au sondage de McKinsey sont donc aussi ambitieuses que leurs collègues.
Elles sont aussi confiantes dans leurs capacités à arriver au sommet, en plus d’être préparées aux sacrifices que cela impose. Les femmes seraient même un peu plus nombreuses que les hommes à communiquer activement leur volonté et à se promouvoir auprès de leurs supérieurs. Qu’est-ce qui cloche, alors?
Là où le bât blesse, c’est quand on leur demande si elles ont confiance d’arriver à leurs fins. Ce sont 69 % d’entre elles qui ont confiance d’y parvenir, contre 89 % de leurs pairs. Et les facteurs organisationnels sont pointés du doigt.
Pareil pas pareil
À 93 %, les femmes croient qu’à compétences égales il sera plus difficile d’obtenir le mot « directrice » — et les responsabilités qui vont avec — accolé à leur nom. Plusieurs accusent notamment le congé de maternité ou le travail à temps partiel de freiner leur avancement.
C’est aussi le modèle de performance, impliquant une disponibilité « n’importe quand, n’importe où », qui pénalise davantage les professionnelles. De façon plus générale, elles n’ont pas confiance que la culture de leur entreprise les soutiendra dans la réalisation de leurs ambitions.
Pas que les hommes soient contre leur ascension, mais ils n’ont tout simplement pas conscience des défis auxquels leurs consœurs font face. Ils ne s’engagent donc pas à leur offrir plus de soutien ou à les parrainer dans leur cheminement. Un petit plus qui ferait pourtant la différence, selon les conclusions du cabinet McKinsey.
La moitié des hommes vont même jusqu’à penser qu’établir trop de politiques d’égalité des sexes serait injuste… Le rapport recommande d’ailleurs de ne pas se concentrer seulement sur la flexibilité des conditions de travail, mais aussi sur l’adhésion des hommes aux politiques de diversité des genres. Le mentorat des hommes déjà cadres supérieurs est aussi fortement encouragé.
Pas mieux ici
Le Canada est exclu de l’enquête, mais pas par son exemplarité. Parmi le palmarès du Financial Post des 500 plus grandes entreprises du Canada, plus du tiers ne comptent aucune femme parmi leurs cadres supérieurs.
Une étude menée en 2013 par des chercheurs de la Faculté de gestion Désautels de l’Université McGill a également révélé qu’à Montréal, seulement 15 % des grandes entreprises privées comptent des femmes dans des postes de direction.
La situation n’est donc guère plus reluisante au Québec. Si l’on veut être un peu plus optimiste, mieux vaut regarder le monde politique qui a semblé s’ouvrir davantage dans les dernières années. De tous les Canadiens, 86% vivent aujourd’hui dans des provinces dirigées par des femmes. Des premières ministres qui sont potentiellement des modèles positifs à suivre…