Ce que votre patron pense de vous

par Martine Roux
Comment les dirigeants de petites et moyennes entreprises perçoivent-il leurs employés? Un récent sondage apporte un éclairage nouveau sur la question.
Si vous êtes du genre à faire basculer l’écran de votre ordinateur à l’approche du patron, tentant de dissimuler le fait que vous surfiez sur Facebook au lieu de travailler, il y a de bonnes chances pour qu’il l’ait remarqué et note mentalement cet écart de conduite.
L’utilisation d’Internet et d’appareils mobiles à des fins personnelles pendant les heures de travail constitue en effet un irritant pour 61 % des dirigeants canadiens de PME, révèle un récent sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI). C’est d’ailleurs le principal frein à la productivité des entreprises, selon eux.
Ce qui ne veut pas dire que les employeurs ne reconnaissent pas pour autant la précieuse contribution des salariés au succès de leurs affaires. Au contraire, 65 % d’entre eux estiment qu’ils représentent l’élément qui favorise le plus leur réussite. Une grande majorité des dirigeants (90 %) disent d’ailleurs compter sur leurs employés pour bien accomplir le travail.
Choc générationnel
Malgré tout, plusieurs chefs d’entreprises questionnent l’éthique de travail de leurs employés. Ainsi, trois patrons sur quatre considèrent que celle-ci a décliné ces dernières années, et plus des deux tiers disent qu’il en va de même de la qualité des candidats. On reproche par exemple aux jeunes employés ou aux candidats à l’emploi une attitude selon laquelle « tout leur est dû ».
Une question de perceptions, croit Manon Daigneault, présidente-directrice générale du Réseau DOF, une firme de consultation en développement organisationnel. Contrairement aux jeunes salariés, les dirigeants de PME cumulent généralement quelques années d’expérience derrière la cravate et sont issus d’une autre école.
« L’éthique du travail réfère aux valeurs, qui sont propres à chaque génération. Ce serait dommage de poser un jugement sur un salarié en ne s’attardant qu’aux irritants. Il faut favoriser un dialogue ouvert et fixer ses limites. C’est une question d’adaptation, de part et d’autre. »
Les patrons ont tout intérêt à reconnaître l’expérience de vie des plus jeunes, poursuit-elle. « Ces jeunes ont été habitués au fait que leurs parents négociaient avec eux le nombre de carottes à manger. Une fois sur le marché du travail, comment voulez-vous qu’ils respectent l’autorité de la même façon que la génération précédente? »
Rare main-d’œuvre
Pour 88 % des employeurs consultés, la rareté de candidats qualifiés est de loin la plus grande difficulté qu’ils éprouvent, démontre le sondage. Les autres obstacles à l’embauche sont les attentes salariales trop élevées et le fait que les candidats ne se présentent pas à l’entrevue.
« Le manque de travailleurs qualifiés est un phénomène qui augmente depuis une vingtaine d’années, à l’exception peut-être de la crise économique de 2008, dit François Vincent, directeur des affaires provinciales à la FCEI. Le vieillissement de la population ne fera que l’accentuer davantage. »
Sur une note plus positive, il souligne les « super belles opportunités » de carrière dans les PME pour les gens friands de défis professionnels. Malgré leurs difficultés à embaucher, les employeurs restent fidèles à leurs loyaux serviteurs, dit-il, puisque 96 % des dirigeants affirment tout faire pour tenter de conserver leurs bons employés.
Résultats complets – Pour voir ce que les PME cherchent chez les candidats
http://www.cfib-fcei.ca/cfib-documents/rr3364f.pdf
Le sondage a été réalisé en ligne en mai 2015 auprès de 8824 propriétaires d’entreprises canadiennes, et sa marge d’erreur est de plus ou moins 1 %, 19 fois sur 20.