Votre CV est impeccable, vous postulez avec ardeur à tous les postes qui reflètent bien votre profil, mais votre recherche d’emploi ne décolle pas. Et si votre avenir professionnel se trouvait sous d’autres cieux, tout simplement?

« Jouer la carte de l’expatriation est une bonne idée, surtout dans le contexte actuel », affirme Tania Saba, professeure titulaire à l’École des relations industrielles de l’Université de Montréal et spécialiste de la mobilité professionnelle. « Une expérience à l’international est toujours très valorisée, car elle montre capacité d’adaptation, débrouillardise et ouverture culturelle », explique-t-elle.

Et les recruteurs ont vite compris qu’il s’agissait là d’atouts essentiels dans une économie mondialisée, où les entreprises délocalisent une partie de leur production ou se tournent de plus en plus vers les marchés extérieurs. Il y a aussi le fait que les carrières sont moins planifiées à long terme et que les parcours personnels sont moins linéaires qu’avant. L’heure est donc à la flexibilité.

Partant de ce constat, plusieurs démarches sont possibles : on peut prospecter les entreprises locales qui offrent des postes à l’étranger (ou dans une autre province). Une démarche de plus en plus facile, puisque les systèmes de recrutement des grosses sociétés se sont internationalisés, et que le recrutement à l’international est davantage publicisé. Un nombre croissant de cabinets de recrutement se spécialise aussi dans l’international. « Éplucher leurs offres est toujours un bon indicateur de l’emploi où votre profil est recherché », conseille Mme Sabia.

Entreprises ouvertes, pays fermés

On peut aussi envoyer directement son CV dans les régions du monde où l’on sait que nos compétences sont en demande. Ou plus audacieux, on peut carrément faire le pari d’aller s’installer sur place, puis de chercher du travail.

Le problème, c’est que les États traînent par rapport aux entreprises dans ce domaine. La plupart des législations de travail restent strictement nationales, ce qui peut poser de véritables casse-têtes pour obtenir un permis de travail. « L’Union européenne est très en avance pour faciliter la mobilité professionnelle. Mais même au sein de l’ALENA, travailler dans un autre pays reste difficile pour des raisons réglementaires », note Mme Sabia.

Dans les pays favorables à l’immigration comme le Canada ou l’Australie, la logique consiste à faciliter l’arrivée de ceux qui ont la chance de se trouver sur la liste des professions en demande. Dans le cas contraire, l’employeur devra faire la preuve que le postulant étranger vient combler une pénurie de main-d’œuvre : une démarche compliquée, qui peut décourager plus d’un patron.

 

Bougez malin

Il y a aussi que tout le monde n’est pas taillé pour l’expatriation. Aller chercher fortune sous d’autres cieux requiert autant un profil humain qu’un profil professionnel particuliers. Au-delà de la nécessité d’un caractère bien trempé mais ouvert, il y a l’âge et la situation familiale : les questions de systèmes de santé, de retraite, de scolarisation des enfants, pour ne citer que celles-là, peuvent devenir très compliquées.

Faire de son expatriation professionnelle un succès est aussi une question de résilience. « La courbe de l’adaptation culturelle est une courbe en U », explique Mme Sabia. « La première phase, c’est la lune de miel, puis on est rattrapé par une réalité parfois dure, puis on comprend et on s’adapte. » Seuls ceux qui sauront se rendre à cette dernière étape resteront. Et ils ne sont pas si nombreux. « Une expatriation n’est pas toujours réussie au sein de sa propre entreprise. Alors, imaginez pour ceux qui font la démarche par eux-mêmes! », raconte Mme Sabia.

Surtout, le travail n’est qu’un aspect — certes important — de notre vie. Mais vous ne serez pas plus heureux avec le boulot de vos rêves dans un endroit dont vous détestez la culture, le climat ou les paysages. Il y a enfin que le Canada est un des pays qui s’en sort bien en matière de chômage à l’échelle du monde. Pas forcément évident, par conséquent, de trouver un marché du travail plus accueillant ailleurs. C’est un aspect à considérer avant d’aller chercher l’herbe plus verte de l’autre côté de la frontière.