Discuter finances, argent et salaire entre amis et collègues vous rend mal à l’aise? Vous n’êtes pas seul. Apparemment, on a beaucoup plus de difficulté à parler d’argent que de sexe.

Certaines entreprises somment leurs employés de garder leurs conditions salariales secrètes. Le salaire devient donc un sujet prohibé. À qui cette omertà profite-t-elle? Ne serait-il pas plus sain d’étaler nos talons de paie sur la table à l’heure du lunch?

On attache souvent une valeur symbolique au salaire, comme s’il se portait garant de la compétence. Ainsi, en sachant qu’un collègue gagne plus d’argent pour des tâches similaires, un employé pourrait en venir à se sentir moins compétent et dévalorisé.

Des études des universités Berkeley et Princeton ont démontré que des employés avaient un meilleur rendement et géraient mieux leur stress avant de connaître le salaire de leurs confrères. En se comparant aux autres, ils deviennent plus anxieux.

Au Québec, nous entretenons un rapport particulier avec l’argent. Ceux qui en font sont souvent jugés, comme si leur succès ne devait pas être récompensé. Dans les pays anglo-saxons, on parle plus facilement de son revenu, signe de réussite sociale. Ici, comme en France, on préfère parler de ce qu’on dépense : maison, voiture, voyages, chaussures ridiculement chères.

Bien que des politiques salariales transparentes seraient peut-être bénéfiques pour plusieurs, il n’en reste pas moins que de parler de sous, c’est encore tabou.

Or, parler de son salaire peut parfois être… payant.

Nicolas est mixeur sonore dans une boîte de production réputée. Au sein de cette entreprise, discuter du salaire est proscrit. Néanmoins, les employés ont commencé à échanger sur leurs conditions salariales et en sont venus à la conclusion qu’il n’y avait aucune corrélation entre la formation ou les années de service des employés et leur salaire.

Ce fouillis a été exposé au patron, qui travaille encore aujourd’hui à corriger la situation.

Connaître le salaire de ses collègues pourrait aussi être un outil bénéfique pour un employé lors de sa prochaine négociation de salaire. En sachant ce que son travail vaut et en étant informé de ce que la compagnie offre pour un boulot équivalent, il se retrouve en possession d’arguments de poids.

Aussi, ouvrir les livres permettrait de réduire – et idéalement d’abolir – la disparité entre les salaires des hommes et des femmes à l’intérieur d’une même entreprise.

Au final, le silence entourant les salaires profite aux patrons. Et si on renversait la vapeur? Au prochain 5 à 7, jouons à Guess who ? avec nos talons de paie! Qui sait, peut-être que votre salaire mériterait d’être ajusté?