Comment éviter le saute-mouton professionnel

Après plus de dix ans au sein de la même organisation, Dominic a changé d’employeur trois fois en autant d’années.
Désaccord envers une nouvelle orientation de l’entreprise, manque de ressources, volonté de vivre de nouvelles expériences : différentes raisons ont poussé ce programmeur en jeux vidéo à aller voir ailleurs plus souvent qu’il l’aurait souhaité.
Car le « saute-mouton » professionnel n’a pas que des avantages. Certes, il permet de diversifier ses connaissances, d’étendre son réseau professionnel et peut s’accompagner d’une augmentation de salaire ou d’une promotion. D’autant plus qu’à mesure que la pratique se répand, elle est de moins en moins mal perçue par les recruteurs.
Mais si le bateau en vient à prendre l’eau, le dernier arrivé risque d’être le premier largué. Les changements d’employeurs s’accompagnement aussi de périodes après l’embauche où l’employé n’est pas couvert par le régime d’assurance maladie de l’organisation, ce qu’a vécu Dominic. Le fait de ne pas accumuler d’ancienneté pénalise aussi le travailleur, par exemple en ce qui concerne les prestations associées à de longues années au service d’une entreprise qui offre un régime de retraite à ses employés. Mieux vaut donc y penser à deux fois.
Voici donc quelques avenues à explorer avant de remettre sa démission.
D’abord, examiner la situation
Il est avant tout primordial de sonder ses motivations et ses objectifs, souligne Marie-Christine Poulin, CRHA et conseillère en développement organisationnel. Elle invite le travailleur à réfléchir aux éléments suivants :
- les sources d’insatisfaction liées à ses fonctions actuelles;
- ses objectifs professionnels;
- les besoins qu’on cherche à combler en voulant changer d’emploi;
- les possibilités de combler ces besoins en interne, sans passer chez un autre employeur;
- les avantages et les désavantages du changement d’employeur;
- les possibles retombées positives d’une discussion à propos de ses besoins et insatisfactions avec son supérieur.
Julie Mackay, CRHA et recruteur chez CORTO.REV, invite quant à elle les butineurs professionnels à se préparer à justifier leur conduite : « Je n’éliminerais pas d’emblée [la candidature d’une] personne qui a changé fréquemment d’emploi, mais je vais vouloir comprendre les raisons qui l’ont poussée à le faire. » D’où l’importance d’établir le bilan des compétences acquises dans les différents postes occupés.
Tenter d’améliorer son sort en interne
Une fois cette réflexion complétée, on explore les possibilités avec son employeur actuel : promotion ou mouvement latéral, assignation à un projet spécial, ajustement des conditions de travail… Si l’employeur se montre favorable à des changements, tant mieux! On profite de la rencontre pour établir un plan d’action.
Mme Mackay souligne que l’épanouissement professionnel est une responsabilité partagée : « L’employé est responsable de son développement et le gestionnaire ou l’entreprise doit lui fournir les occasions. »
Marie-Christine Poulin ajoute d’autres pistes pour sortir de l’ornière tout en demeurant au service de la même organisation : s’inscrire à une activité de perfectionnement, assister à des conférences ou prendre part à un programme de mentorat.
Se lancer un défi personnel?
Et si on comblait sa soif de nouveaux défis après les heures de travail? Se lancer dans un nouveau sport ou s’impliquer dans une cause qui nous tient à cœur pourrait-il suffire? Peut-être. Julie Mackay doute toutefois que de telles initiatives arrivent à assouvir un « désir de bouger […] motivé par une réflexion approfondie ».
Mais si l’envie de partir l’emporte au terme de toutes ces démarches, on rendra au moins son tablier avec la satisfaction d’avoir tout essayé!