S’accrocher à son poste pour des raisons de sécurité matérielle ou psychologique, c’est augmenter les chances de le perdre, conclut une étude conjointe de l’Université Concordia et de l’Université de Montréal.

Voilà qui devrait mettre du plomb dans l’aile aux carriéristes et du baume au cœur des idéalistes : ceux qui restent parce qu’ils partagent les valeurs d’une organisation sont plus performants que ceux qui restent parce qu’ils ont de bons salaires et de bons avantages sociaux, explique Alexandra Panaccio, professeure de management à l’Université Concordia et coauteure de l’étude.

La mécanique qui provoque le départ des employés trop terre-à-terre est implacable : ceux qui s’incrustent parce qu’ils n’entrevoient aucune autre perspective d’emploi ou pour des raisons strictement matérielles sont plus enclins à souffrir d’épuisement émotionnel.

Valoriser les forces vives

L’épuisement émotionnel, c’est le sentiment d’être à bout, de n’avoir plus de ressources à mettre dans son travail. Il peut cependant être prévenu grâce à une logique d’amélioration continue des compétences, poursuit Mme Panaccio. Les entreprises doivent promouvoir la formation et le développement professionnel de leurs employés. Si elles ne jouent pas ce rôle, c’est alors à l’employé d’aller chercher de la formation continue par lui-même.

Outre une meilleure estime de soi, le salarié va gagner de la valeur sur le marché de l’emploi. Résultat, sa confiance dans son avenir professionnel s’améliore. Paradoxalement, ce salarié plus employable est finalement moins susceptible de quitter volontairement l’entreprise, car il est moins susceptible de succomber à l’épuisement émotionnel.

L’épuisement émotionnel peut aussi efficacement être combattu en humanisant ses conditions de travail, en tissant des liens sociaux au bureau. Et dans ce domaine, il y a plus efficace que s’attarder à la machine à café ou raconter son week-end à ses collègues. L’employé qui veut éviter l’épuisement émotionnel peut demander régulièrement des retours sur son travail à ses chefs, ou solliciter l’aide de ses collègues. Ce travail de prévention peut aussi se faire dans la vie privée en recherchant le soutien d’un proche, d’un conjoint ou d’enfants qui vous valorisent.

Jeunes diplômés, gare à vous!

Les nouveaux venus sur le marché doivent être particulièrement vigilants, car ils sont la catégorie la plus à risque. Les étudiants qui commencent leur premier emploi arrivent sur une autre planète. Ils éprouvent le choc de la réalité du monde de l’entreprise, et se rendent compte brusquement qu’ils n’ont pas les compétences pour être performants sur-le-champ. Ils veulent pourtant plus que tout autre éviter la médiocrité ou l’échec, car ils estiment avoir à faire leur preuve. Pour éviter ce porte-à-faux psychologique, il est très important de se préparer à l’idée que l’efficacité professionnelle ne s’acquiert pas en une journée!

Se respecter avant tout

La force d’un travailleur, c’est aussi de savoir s’adapter à toutes les situations. Il n’en reste pas moins que travailler dans une entreprise dont on partage les valeurs permet de donner le meilleur de soi-même, et cela quelle que soit la pression. C’est donc la priorité quand on veut être heureux au bureau, conclut Mme Panaccio.