Comment réussir son retour au travail suite à un épuisement professionnel

Personne n’est à l’abri d’un épuisement professionnel, qu’on
soit opérateur de machines, gestionnaire ou médecin. Selon
Statistique Canada, en 2004, 3 400 000 travailleurs souffraient de burnout
au Canada, une tendance qui semble loin de se renverser. Basée sur des
expériences cliniques, la réflexion amorcée dans cet article vise,
dans un premier temps, à mieux cerner les enjeux vécus par les employés
aux prises avec un épuisement professionnel et, dans un deuxième
temps, à préciser quelques facteurs organisationnels facilitant le
retour au travail de ces individus.
Les employés touchés par l’épuisement
L’activité professionnelle constitue une partie importante de la vie
des gens puisqu’elle occupe souvent plus du tiers de leur temps.
Ainsi, un climat de travail particulièrement difficile, un manque
important de ressources ou un accident sont quelques exemples de
« stresseurs » pouvant affecter les ressources d’un individu et même,
dans certains cas, provoquer un retrait de son milieu de travail pour
une période de temps parfois indéterminée. Puisque notre société
valorise beaucoup l’accomplissement personnel à travers la sphère
professionnelle, la personne perd ainsi une partie de ce qui la définit
et se retrouve avec une confiance en soi diminuée et, parfois même,
isolée. Elle se retrouve également à l’écart de la vie active en raison
d’une fatigue intense, mais aussi à cause de l’inconfort de ses
proches qui ne savent que faire pour l’aider. Plus globalement, la
personne est marginalisée par les gens de son réseau, ce qui reflète
souvent leur méconnaissance de ce phénomène.
L’acceptation
La première phase, et non la moindre, est d’accepter ce moment de
retrait forcé en tentant de ne pas se perdre dans une réflexion visant à
comprendre les facteurs d’émergence des divers symptômes reliés à un
trouble d’adaptation (e.g. irritabilité, insomnie, fatigue, tristesse,
etc.). L’important, suite à un arrêt de travail, est de faire le vide,
de se reposer et de ne pas se projeter dans l’avenir, un avenir
s’ouvrant sur un retour au travail imminent.
Reprendre contact avec soi
Après un moment, la personne retrouve le goût d’accomplir des
activités autrefois appréciées; toutefois, il n’est pas rare qu’elle se
demande comment ce sera perçu par son entourage. En effet, souvent,
les gens en épuisement vont s’empêcher d’exercer une activité, telle
qu’aller skier par exemple, pour éviter que des proches ne portent un
regard critique sur la véracité de cet épuisement. Cette peur est un
piège à éviter, car elle favorise la chronicité de cet état chez
l’individu. Au contraire, il est souhaitable qu’il redécouvre ses
intérêts, ses valeurs et même des activités qu’il n’aurait jamais
imaginé essayer. Selon leur tempérament, certains se ressourceront
grâce à des lectures ludiques ou spirituelles, tandis que d’autres
choisiront des activités de plein air ou des discussions avec des amis.
Peu importe l’option choisie, une variété de stratégies, accompagnées
d’un suivi psychologique, pharmacologique, médical ou d’une remise en
forme physique, va permettre à la personne de retrouver graduellement,
mais non sans fluctuation, un état émotionnel plus stable.
Prêt pas prêt, j’y vais!
Attendre un retour complet de ses capacités mentales et physiques
avant de passer à l’action est une autre erreur à éviter. La personne
ne pourra évaluer ces dernières qu’en les testant dans sa vie
professionnelle active. L’objectif est d’entreprendre un retour au
travail en considérant qu’il est plus que normal de vivre de l’anxiété
pour une période d’intégration donnée, mais que cette anxiété ne
devrait idéalement pas submerger la personne. Une alternative consiste à
reprendre graduellement contact avec son employeur pour l’informer de
sa situation et entrevoir un plan de retour au travail progressif. En
outre, en ayant pris du recul par rapport à sa condition, l’employé
sera davantage en mesure de déterminer les facteurs personnels et ceux
de son environnement de travail ayant précipité son arrêt de travail,
et ce, afin de veiller à les contrôler ou à les changer. À l’instar de
l’athlète qui désire s’entraîner, il suffit à ce stade d’augmenter
progressivement le nombre d’heures au travail et d’éviter le piège du
« tout ou rien » : un retour au travail à 35-40 heures par semaine ou
la poursuite du rétablissement à la maison.
Certaines personnes voudront réintégrer leurs anciennes fonctions
dans un contexte plus facilitant tandis que d’autres, considérant leurs
limites, préféreront postuler pour un poste qui misera davantage sur
leurs talents que sur leurs points vulnérables, sources potentielles
d’épuisement. L’importance d’aligner les caractéristiques de la
personne sur les exigences du poste revêt ici tout son sens et explique
l’engouement des dernières années pour le courant de la psychologie
positive. Quoi qu’il en soit, un retour au travail réussi devrait
solliciter la participation de tous les acteurs, c’est-à-dire autant la
personne ayant souffert d’épuisement que l’employeur – sujet qui sera
traité lors d’une capsule ultérieure.
Pour plus de renseignements sur ce sujet ou si vous avez des suggestions à soumettre, n’hésitez pas à écrire à communication@spb.ca