CV sous haute surveillance

Allonger une période à un poste, surévaluer son mérite à un autre… on peut être tenté de gonfler légèrement son CV. Loin d’augmenter vos chances, ce genre de trucage peut vous coûter cher. D’autant que les procédures de vérification de CV sont désormais extrêmement poussées.
Septembre 2009 : l’Action démocratique du Québec (ADQ) se cherche un nouveau chef après la lourde défaite électorale de Mario Dumont. Dans la course à la chefferie entre Éric Caire et Gilles Taillon, un scandale éclate : M. Caire aurait falsifié son CV en s’appropriant un diplôme universitaire dont il n’avait même pas suivi le cursus. M. Taillon joue cette carte pour remporter la succession d’un parti qui se dissout 3 ans plus tard, en février 2012.
Cette même année, c’est un véritable carnage chez Yahoo!.
Scott Thompson, grand patron du groupe, est accusé d’avoir falsifié son CV. Il aurait obtenu un diplôme universitaire 4 ans avant que l’université en question n’offre le programme ! Dix jours plus tard, il doit remettre sa démission.
Une pratique courante…
Ce genre d’événement public amène un climat de méfiance à l’égard du CV. D’autant plus que la pratique de l’embellissement est réputée courante. Une étude française estime à 30 % la quantité de CV falsifiés, un chiffre identique à celui avancé par une étude réalisée par une firme de Toronto spécialisée dans la vérification de références. Selon la directrice d’Adecco, la proportion monterait même à 60 % !
Les recruteurs ne sont donc pas dupes ! Ils n’hésitent pas à vérifier diplômes et compétences. Le moindre doute envoie le candidat directement aux oubliettes sans passer par la case « entrevue ».
Près de la moitié des employeurs qui procèdent à des vérifications le font eux-mêmes, par téléphone. Les autres n’hésitent pas à avoir recours à des agences spécialisées qui creusent le moindre détail de votre CV. L’entreprise Garda en est un exemple. De la durée d’un stage à un éventuel dossier terroriste, ils vérifient l’intégralité d’un profil… en toute légalité !
… mais pas sans conséquence
Un mensonge sur un CV peut passer inaperçu lors du processus de recrutement, ça ne veut pas dire qu’il restera sans conséquence. Plus de 40 % des demandes de vérifications de références reçues par Ceriv, une entreprise française, étaient faites en vue d’un licenciement, alors même que la présentation de fausses références ne constitue pas un motif valable de licenciement.
Si on veut votre tête, on fouinera dans votre CV. C’est en effet le fonds d’investissement Third Point, actionnaire minoritaire de Yahoo!, qui a révélé les fabulations curriculum-esque du PDG dont il souhaitait le départ, l’obligeant à remettre sa démission. Une démarche qui semble moins onéreuse que des indemnités de licenciement !
La concurrence est rude et tous les moyens ne sont pas bons pour se faire valoir, surtout si on risque sa réputation. Le jeu en vaut-il la chandelle? Les accusations de fraudes ont une fâcheuse tendance à persister.
Avant de s’inventer un diplôme, mieux vaut y penser deux fois…