Draguer ou travailler, faut-il choisir?

Beaucoup de couples se rencontrent sur leur lieu de travail. Mais entretenir des relations personnelles avec un ou une collègue n’est pas sans risque. Comment bien le gérer? Votre employeur a-t-il son mot à dire?
Quand il est question de bagatelle au bureau, ce qui peut faire une grosse différence, c’est évidemment la façon dont vos avances — ou celles dont vous faites l’objet — sont accueillies, explique Houda Souissi, chargée de cours en Droit du travail à l’Université de Montréal.
Dans le cas où l’intérêt est réciproque, et où la relation est consentie par les deux parties, c’est carrément la Charte québécoise des droits et libertés de la personne qui garantit que votre employeur ne puisse pas s’ingérer dans votre privée en général, et dans votre idylle de bureau en particulier.
Par contre, il vous incombe à de faire en sorte que cet aspect de votre vie privée n’ait pas d’incidence sur votre attitude professionnelle. « Les employeurs demandent généralement aux employés de rester discrets sur leurs relations intimes au travail, explique Mme Souissi. Pratiquement, cela revient à limiter les manifestations publiques d’affection, voire à les interdire. »
Cachez ce sein…
Interdire de se tenir par la main et les bisous dans le cou? À ce point? « C’est l’employeur qui trace la limite », confirme Mme Souissi. Il peut donc décider de sévir contre les épanchements amoureux, mais pas n’importe comment. « L’employeur doit faire la preuve de l’impact négatif qu’a eu le comportement sur le fonctionnement de l’entreprise, poursuit Mme Souissi. Il doit aussi démontrer la rationalité de ses mesures disciplinaires en respectant le principe de la proportionnalité de la sanction avec la faute. »
C’est généralement la répétition d’un comportement qui peut mener à quelque chose de sérieux. Mais dans un cas de relation sexuelle, être surpris est un facteur très aggravant, car on tombe dans le domaine de l’exhibition. Rares sont les situations de ce genre qui ne se terminent pas par un congédiement. « Tout dépend bien sûr de la tolérance de votre milieu de travail à ce genre de choses, mais je n’en vois pas un où cela passerait sans problème », précise Mme Souissi.
Non merci… J’ai dit : NON, merci!
Voilà ce qui s’applique lorsque le sujet de vos galantes tentatives est sensible à vos charmes. Dans le cas contraire, en plus de passer pour le gros lourd du service, vous vous exposez à des conséquences beaucoup plus graves.
« S’essayer une fois, ce n’est pas encore répréhensible », explique Mme Souissi. Mais dès qu’il y a refus de la part de l’intéressé(e) et répétition des avances, il y a harcèlement sexuel potentiel. Les avances peuvent être juste verbales, et le refus exprimé de façon tacite. »
Être en position d’autorité est un facteur aggravant du harcèlement sexuel. C’est aussi le cas quand les tentatives se rendent jusqu’au contact physique. « On parle alors d’agression sexuelle, et la victime peut porter plainte au criminel », souligne Mme Souissi.
Quand il y a harcèlement comme agression, l’employeur peut être tenu responsable. Ce qui explique que la plupart d’entre eux appliquent la tolérance zéro à ce genre de comportement. C’est le congédiement quasi assuré, et possiblement d’autres problèmes judiciaires.
Finalement, peut-être vaut-il mieux garder ses entreprises de séductions pour le samedi soir. Se faire virer d’une boîte de nuit, c’est toujours moins grave que de se faire virer de sa boîte.