par François Joly

Pour cette élection encore, chaque parti dit avoir le meilleur plan pour réduire le chômage. Le premier ministre Stephen Harper a même promis de créer 1,3 million d’emplois d’ici 2020 s’il était réélu. Mais si les promesses sont maintenant bien connues, leurs résultats demeurent incertains.

Parti libéral du Canada (PLC) : des infrastructures pour la relance
Le parti de Justin Trudeau mise principalement sur un réinvestissement dans les infrastructures afin de relancer l’économie canadienne. Le PLC propose de dépenser 125 milliards de dollars sur 10 ans, principalement dans le secteur des transports, du logement social et des infrastructures vertes (aqueducs, traitement des eaux usées, énergie propre). En comparaison, le gouvernement conservateur prévoit pour l’instant investir 65 millions pour la même période.

Les salaires payés aux travailleurs de la construction et l’argent injecté dans l’économie pour payer les matériaux auront un effet stimulant sur la création d’emplois. Selon Marcelin Joanis, professeur d’économie à Polytechnique Montréal, il est cependant difficile d’évaluer l’impact direct de ces mesures. « Ce qui est surtout intéressant, c’est l’impact qu’auront les infrastructures elles-mêmes », précise-t-il. Des réseaux de transport efficaces, des logements abordables et des programmes d’efficacité énergétique devraient créer des conditions plus favorables à la création d’emplois.

Le parti libéral propose également d’investir 500 millions de dollars de plus annuellement afin de bonifier les ententes sur la formation de la main-d’œuvre conclues avec les provinces. Le PLC veut de plus augmenter de 35 000 le nombre d’emplois d’été financés par le gouvernement fédéral et créer 5000 emplois pour les jeunes à Parcs Canada.

Nouveau Parti démocratique (NPD) : des programmes ciblés
Au cours des 10 prochaines années, le NPD prévoit investir 8 milliards de dollars supplémentaires dans de nouveaux projets d’infrastructure. La stratégie du NPD repose cependant davantage sur une série de programmes ciblés. Le parti veut investir 200 millions de dollars d’ici 2020 pour soutenir le secteur de l’aéronautique et un autre 200 millions pour celui de l’automobile. Thomas Mulcair a aussi présenté un plan de 100 millions de dollars afin de venir en aide à l’industrie forestière.

Même s’il n’apparaît pas dans la liste des propositions économiques du parti, le projet du NPD de créer 1 million de places en garderie avec un coût maximal de 15 $ par jour pourrait avoir un effet positif sur l’emploi au pays. « Les études ont montré que le réseau québécois des CPE a permis à des milliers de femmes de réintégrer rapidement le marché du travail », rappelle David Dupuis, économiste et chargé de cours à l’Université de Sherbrooke.

Parti conservateur du Canada (PCC): stabilité et baisses d’impôt
La plateforme du parti au pouvoir se retrouve en bonne partie dans le dernier budget fédéral déposé au printemps. En matière de création d’emplois, le PCC mise avant tout sur les allègements fiscaux. Sa promesse de diminuer de 11 % à 9 % les impôts des petites et moyennes entreprises est par contre partagée par le PLC et le NPD, qui ont pris le même engagement. Stephen Harper est cependant le seul chef à ne pas avoir proposé de hausse d’impôt. Le PLC veut augmenter le taux d’imposition pour le 1 % de Canadiens les mieux nantis, alors que le NPD veut que les grandes entreprises contribuent davantage. Le premier ministre a surtout pour objectif la création de 1,3 million d’emplois d’ici 2020.

La plupart des économistes se montrent cependant prudents devant ce genre de promesse. David Dupuis indique que si l’on observe la moyenne de création d’emplois des cinq dernières années, on peut s’attendre à ce que 215 000 emplois soient créés chaque année, et ce, sans que le gouvernement ne prenne de mesure supplémentaire. « Les gouvernements peuvent créer des conditions favorables à l’emploi, mais il est presque impossible d’associer directement la baisse du taux de chômage à des mesures gouvernementales », conclut de son côté Marcelin Joanis.