Le Québec gagne 3000 maigres emplois en juin, le taux de chômage augmente d’un dixième de point, à 8,1%.

Réjouissons-nous quand même : transformation de 23 000 emplois à temps partiel en 23 000 emplois à temps plein.

Consolons-nous aussi: l’Ontario perd 34 000 emplois et 20 000 personnes actives sur le marché du travail; son taux de chômage grimpe de deux dixièmes de point, à 7,5%.

Au Québec
Maudite semaine plate pour le marché de l’emploi au Québec. Il y a eu deux grosses annonces de fermeture, Cascades dans le coin de Sherbrooke avec 180 mises à pied, et Energizer (autrefois Johnson & Johnson) à Montréal et ses 450 nouveaux malheureux. Aussi, c’est la dernière semaine d’activité à l’usine d’Electrolux dans Lanaudière, et pour les travailleurs de l’usine de machines à laver Mabe, tout près de celle d’Energizer, c’était leur première semaine officielle après la fermeture (dont pour mon voisin, qui s’est trouvé un nouvel emploi depuis quelques mois déjà. Une job de nuit, cela dit…).

Or, les chiffres sur l’emploi pour le mois de juin, publiés ce matin par Statistique Canada, sont à l’avenant : l’emploi ne bouge plus, sauf pour ce qui a trait à une légère transformation d’emplois à temps partiel en emplois à temps plein. Le taux de chômage augmente forcément, puisque la population augmente. Autrement dit, l’économie québécoise n’arrive juste pas à accueillir sa nouvelle main-d’œuvre.
À preuve : 8000 emplois perdus en juin chez les 15 à 24 ans, une incongruité, puisque d’habitude, juin est un excellent mois pour l’emploi des jeunes : stages, emplois d’été, embauche des nouveaux diplômés…

Et il s’agit d’une lourde tendance. Quelque 27 000 emplois ont disparu chez les jeunes depuis le début de l’année, plus de 19 000 en reculant 12 mois en arrière. Seul point d’interrogation : est-ce un effet démographique?

Car c’est connu, des jeunes, il y en a de moins en moins. Mais pas à ce point. Entre 2011 et 2013 (les données les plus fraîches disponibles), le groupe des 15 à 24 ans a diminué de 3000, mais demeure légèrement supérieur à ce qu’il était en 2009. Bref, à moins d’un revirement de situation subi, affolant et improbable (quoique pas impossible dans l’absolu), il ne devrait pas y avoir 27 000 personnes de 15 à 24 en moins au Québec.

Et pour faire honneur aux mauvaises nouvelles de cette semaine, Statistique Canada annonce que le secteur manufacturier a perdu 16 000 emplois en juin, effaçant tous les gains enregistrés depuis le début de l’année.

En Ontario
Pour les découragés du Québec, l’herbe est tout aussi jaune et brune chez nos voisins immédiats : le taux de chômage demeure très au-dessus des valeurs québécoises dans les Maritimes, tandis que l’Ontario perd 34 000 emplois en juin. Fort heureusement pour les spin doctors politiques du nouveau gouvernement ontarien, le taux de chômage n’augmente que de deux dixièmes de point, à 7,5%, sous l’impulsion d’un découragement prononcé de la main-d’œuvre de la province, avec la perte de 20 000 personnes parmi la population active, qui ont vraisemblablement abandonné leur recherche d’emploi ou quitté l’Ontario.
La population active n’augmente à peu près plus dans cette province depuis un an, mais la population totale croit à bon rythme. Il s’agit d’un très mauvais signe. Et un autre : comme au Québec, les jeunes ontariens écopent, avec 29 000 de leurs emplois disparus le mois dernier, 17 000 depuis un an.

Dans l’Ouest
Il ne se crée pratiquement plus d’emplois au Manitoba et en Colombie-Britannique depuis un an, tandis qu’en Saskatchewan, la croissance ralentit. Reste l’Alberta, ce cas d’espèce, mais qui aussi, comme toutes les autres provinces canadiennes, peine à donner de l’ouvrage à ses jeunes.

Bref, partout au Canada, les jeunes en arrachent sur le plan de l’emploi. À l’image de l’ensemble. Pour citer l’agence fédérale,« Par rapport à 12 mois plus tôt, (…)il s’agit du taux de croissance (de l’emploi global) sur 12 mois le plus faible depuis février 2010, lorsque la croissance sur 12 mois de l’emploi a repris après le ralentissement du marché du travail de 2008-2009. »

Commentaire inutile à m’envoyer (et au gouvernement) : c’est bien beau le pétrole goudronneux, mais ça créer pas grand job ailleurs…

Taux de chômage en juin
Canada : 7,1% (en hausse)
Québec : 8,1% (en hausse)
Ontario : 7,5% (en hausse)
Terre-Neuve : 12,5 % (en baisse)
Île-du-Prince-Édouard : 9,8% (en baisse)
Nouvelle-Écosse : 8,7% (en baisse)
Nouveau-Brunswick : 9,6% (en baisse)
Manitoba : 5,4% (en baisse)
Saskatchewan : 3,9% (en hausse)
Alberta : 4,9% (en hausse)
Colombie-Britannique : 6,2% (en hausse)