Les jeunes d’aujourd’hui ont-ils plus de mal à entrer sur le marché du travail qu’il y a 30 ans? Pas tant que cela, selon une récente étude de Statistique Canada.

par Fanny Bourel

Un peu plus de 14 % des 15-24 ans étaient au chômage en 2012, soit le double de la moyenne nationale. Cette situation n’est cependant pas nouvelle. Ces 30 dernières années, le taux de chômage des jeunes a toujours été plus élevé que dans le reste de la population. La situation s’arrange pour les 25-34 ans, dont le taux de chômage se rapproche de celui des 35-54 ans sur la même période même s’il reste toujours un peu au-dessus.

Ce qui a surtout changé en 30 ans, c’est l’âge auquel les jeunes amorcent leur carrière en raison du prolongement des études. En 2012, le taux d’emploi à temps plein atteignait son maximum à l’âge de 31 ans, contre 25 ans en 1976. Les jeunes quittent aussi le nid familial de plus en plus tard. En 1981, 11 % des 25-29 ans vivaient chez leurs parents. En 2011, ce chiffre a plus que doublé (25 %).

Une situation qui s’explique en partie par le fait que le salaire réel des jeunes est plus bas qu’il y a 30 ans. La baisse a été particulièrement forte dans les années 80 et 90 et la hausse des années 2000 n’a pas permis de la compenser. Les hommes de 17-24 ans travaillant à temps plein gagnaient donc un salaire horaire médian réel de 13 % inférieur à ceux de 1981. Leurs ainés âgés de 25 à 34 ans enregistrent également un salaire horaire médian réel légèrement inférieur en 2012 par rapport à 1981.

Une évolution bloquée
La question de la surqualification a souvent été soulevée dans les médias ces dernières années. Et l’image du diplômé universitaire travaillant dans un café est gravée dans les esprits. L’étude de Statistique Canada ne montre pas une surqualification grandissante chez les jeunes. Le taux de surqualification chez les employés de niveau universitaire âgés de 25 à 34 ans a peu évolué entre 1997 et 2012. Il est passé de 17,9 % à 18,5 % chez les hommes et de 18,3 % à 21,8 chez les femmes.

C’est chez les 35-54 ans que le problème de la surqualification des employés détenant un diplôme universitaire a empiré. L’an dernier, cette situation touchait 16,9 % des hommes et 20,3 % des femmes dans cette catégorie, contre respectivement 11,1 % et 12,6 % en 1997.

Cette augmentation inquiète Brent Herbert-Copley, le vice-président de la Capacité de recherche du Conseil de recherches en sciences humaines. Dans un article publié en août dans le Globe and Mail, il formule l’hypothèse que les emplois en bas de l’échelle, ceux qui permettent aux jeunes de se lancer sur le marché du travail, ne constituent plus un tremplin favorisant l’accès à des postes plus qualifiés.

Il croit donc qu’obtenir un bon premier emploi est primordial pour la suite de sa carrière. Pour cela, il invite les étudiants à développer le plus de compétences possible en multipliant les expériences de stage et de bénévolat. Un moyen, selon lui, de décrocher un premier emploi intéressant qui sera le début d’une carrière longue et fructueuse…