Êtes-vous atteint d’infobésité?

par Peggy Bédard
À l’ère d’Internet et de l’exploration de données, on est submergé d’informations au travail comme dans la vie de tous les jours. Comment faire le tri et demeurer efficace comme employé?
L’infobésité, ou la surcharge informationnelle, est un phénomène de plus en plus répandu, responsable du dysfonctionnement de nombreuses entreprises. On communique davantage et toujours plus vite. En faisant un usage irraisonné des nouvelles technologies, on se retrouve inondé de renseignements qui finissent par paralyser nos actions.
En entrevue à Radio-Canada, Caroline Sauvajol-Rialland, auteure de l’ouvrage Infobésité : comprendre et maîtriser la déferlante d’informations et spécialiste de la gestion d’informations, résume le phénomène ainsi: « L’infobésité, c’est l’excès de masse grasse formé par le bombardement d’informations auxquelles nous sommes soumis et qui étouffent nos processus intellectuels. »
Des entreprises réagissent
Plusieurs entreprises commencent à s’en préoccuper, car l’infobésité a de réelles conséquences sur la qualité du travail. Selon Caroline Sauvajol-Rialland, on sait par exemple que le nombre toujours plus imposant de courriels est responsable d’une très forte baisse de la productivité au sein des entreprises, une baisse estimée à plus de 28 %. Ce phénomène serait aussi responsable d’une dégradation des relations professionnelles et hiérarchiques et d’une mauvaise qualité du processus décisionnel.
Pas étonnant quand on sait que 30 % du temps de travail d’un cadre moyen serait consacré à répondre à ses courriels et qu’il communique 10 fois plus aujourd’hui qu’il y a 10 ans, produisant 10 % plus de communications. Cette surcharge d’informations menace la concentration et l’efficacité au travail.
Caroline Sauvajol-Rialland cite en exemple la Fédération des sociétés conseil (Syntec) de France, qui a signé en avril 2014 une convention avec ses 250 000 collaborateurs pour mettre en place une obligation de déconnection de 11 heures par jour. Une initiative osée qui devrait, selon elle, se voir de plus en plus souvent.
Comment réagir?
Alors, comment contrer cet envahissement parfois bien involontaire ? Dans son ouvrage, Caroline Sauvajol-Rialland parle de solutions locales, organisationnelles et individuelles. D’abord, il faut se demander ce que peut faire l’organisation pour contrôler le flot d’informations à l’interne. « D’un point de vue collectif, celle-ci peut développer une culture de l’information et encourager sa maîtrise, établir des conditions d’interactions sociales entre employés, développer la synergie des équipes en valorisant le rôle-clé de la communication interne et négocier les conditions de travail qui visent la qualité de vie en entreprise. »
L’employé peut quant à lui « établir sa propre gestion individuelle de l’information, se former à maîtriser les habiletés informationnelles et à changer ses habitudes, quitte à s’imposer une déconnexion complète. » Caroline Sauvajol-Rialland parle enfin des solutions spécifiques pour limiter la pression suscitée par les nombreux courriels reçus par les employés, soit « respecter quelques règles d’usage comme : personnaliser son logiciel de messagerie, adopter des règles collectives et filtrer au niveau de l’entreprise, dans le but ultime de renforcer son efficacité ».
En résumé, comme elle le dit si bien : « Il faut toujours garder en tête qu’une information ne vaut pas grand-chose si on est incapable de la mémoriser, de l’interpréter et de l’adapter à son propre milieu! »