Êtes-vous fait pour être éducateur spécialisé ?

En première ligne face aux maux des enfants, des adolescents ou des adultes atteints de troubles psychomoteurs, les éducateurs spécialisés côtoient chaque jour la souffrance. Quelles compétences sont nécessaires pour devenir un bon éducateur spécialisé ?
En milieu scolaire, en centre communautaire ou en centre hospitalier, les éducateurs spécialisés jouent un rôle majeur auprès des personnes confrontées à des problèmes physiques, mentaux ou sociaux. Ils contribuent à leur épanouissement personnel et les aident à s’insérer dans la société. Éducation, conseils, organisation de diverses activités : leur champ d’action est vaste, mais la partie la plus importante de leur travail est surtout le soutien psychologique.
« Je mets en place des ateliers pour leur redonner confiance en eux, explique Emmanuelle Zaber, éducatrice spécialisée auprès d’enfants hyperactifs ou ayant des troubles sociaux. Il faut parfois leur apprendre la base, comme lacer leurs chaussures. Même s’ils ont douze ans, nous devons leur faire comprendre que ce n’est pas grave, que tout le monde fait face à des difficultés et qu’il faut avancer à son rythme. Nous leur enseignons qu’avec des efforts, on y arrive toujours. »
Des compétences innées
Être à l’écoute, manifester de l’empathie tout en ayant un certain recul par rapport aux situations, être autoritaire tout en gardant son sang-froid… les compétences d’un éducateur spécialisé sont d’abord innées. « J’ai toujours voulu sauver le monde, raconte Sonia Leroux, éducatrice spécialisée auprès des enfants de 6 à 7 ans dans une école régulière. Il faut vraiment avoir envie d’aider les autres, sinon ce métier n’est pas fait pour nous ! »
Lors des formations, le savoir-faire est enseigné. Par contre, sur le terrain, chaque situation est différente. « Une méthode de travail peut avoir un impact sur certains enfants, mais pas sur d’autres, dit Sonia Leroux. Nous devons également changer constamment nos façons de faire, car les enfants se lassent très vite et le plan que nous avons choisi au départ n’a plus d’effet. Nous devons régulièrement nous réinventer. »
Un quotidien difficile
La violence, les insultes, les refus de coopérer ou les crises d’hystérie font partie du quotidien de l’éducateur spécialisé. « C’est dur, confie Emmanuelle Zaber. À la fin de la journée, je suis fatiguée, mais je me dis que demain sera un autre jour… »
Pour éviter de rapporter ce quotidien difficile à la maison, les éducateurs spécialisés doivent apprendre à garder une certaine distance par rapport aux cas qu’ils traitent. « Nous avons certes beaucoup d’empathie envers ces enfants, mais nous ne devons surtout pas nous mettre dans leur peau, prévient Sonia Leroux. Notre travail ne serait pas efficace et nous perdrions toute notre énergie. Nous devons leur montrer le bon chemin, malgré leurs épreuves ou leur handicap. Rester rationnel n’est toutefois pas toujours facile. »
Malgré un quotidien pas toujours évident, aucune de ces deux éducatrices ne changerait de place. « Par notre travail, nous redonnons un avenir à ces enfants et à leur famille, témoigne Emmanuelle Zaber. C’est la plus belle des récompenses ». Même son de cloche pour Sonia Leroux : « C’est un grand privilège de pouvoir travailler avec des enfants et de pouvoir leur redonner le sourire… »