Gérer son trouble de l’apprentissage au travail

Les troubles de l’apprentissage ne touchent pas que les enfants. Les adultes sont également concernés par ces troubles qui ont des conséquences sur leur vie professionnelle. Des solutions existent pour y faire face.
par Fanny Bourel
Déjà en 2006, 631 000 Canadiens âgés de 15 ans et plus déclaraient avoir une limitation d’apprentissage, selon une étude de Statistique Canada. Ces difficultés vont des problèmes d’attention et d’hyperactivité aux troubles de lecture ou des fonctions exécutives, en passant par la dyslexie ou encore la dyscalculie.
Un chiffre inférieur probablement à la réalité, car certains ignorent qu’ils en sont atteints. Des adultes ont du mal à concentrer leur attention sur ce que dit leur patron ou à comprendre des tâches, ce qui n’est pas sans créer des problèmes dans l’exécution de leur travail ou des tensions avec leurs collègues. « C’est souvent le sentiment de tourner en rond et le fait d’avoir du mal à garder ses différents emplois qui les conduisent à réaliser qu’ils sont peut-être atteints d’un trouble de l’apprentissage, » explique David Ellemberg, neuropsychologue à la Clinique d’évaluation neuropsychologique et des troubles d’apprentissage de Montréal.
Mettre le doigt sur le problème
Poser un diagnostic permet à la personne de se sentir moins coupable. « Les gens ont souvent tendance à croire qu’ils sont moins intelligents à cause de leur trouble, ce qui est faux », affirme M. Ellemberg. Bien comprendre la nature de ses difficultés est essentiel pour être conscient de son potentiel et réaliser comment on peut adapter sa vie professionnelle en fonction de son trouble. « Cela permettra à la personne de mieux choisir son milieu de travail, par exemple », précise-t-il. Souffrir d’un trouble des fonctions exécutives engendre des difficultés à organiser et à planifier. Il est alors préférable d’éviter d’occuper des postes de gestion.
Être pénalisé professionnellement si on est atteint d’un trouble de l’apprentissage est considéré comme une discrimination. Cependant, les personnes touchées par un trouble d’apprentissage hésitent souvent à en parler à leur employeur de peur de perdre leur emploi ou de rater une promotion. 42 % des gens au chômage interrogés par Statistique Canada pour son étude en 2006 ont déclaré que leur ancien employeur n’était pas au courant de leur trouble d’apprentissage. Une erreur selon Jean-Louis Tousignant, président de l’Association québécoise des troubles d’apprentissage. « À l’employé de le dire et à l’employeur de se montrer ouvert », estime-t-il.
S’adapter
Ainsi, l’entreprise peut faciliter la gestion du trouble d’apprentissage. Elle peut attribuer un bureau fermé à cet employé pour éviter les sources de distraction présentes dans un bureau à aire ouverte à un travailleur touché par un trouble de l’attention. Et l’employé ne sera pas gêné d’enregistrer le contenu d’une réunion s’il a du mal à la suivre.
Il est également possible d’aider la personne touchée grâce à des médicaments ou à de la réadaptation pour lui apprendre à mieux gérer son attention ou encore à développer des stratégies de gestion de l’information et de l’attention. Un traitement orthopédagogique aidera aussi les dyslexiques et les dyscalculiques à faire face à leurs difficultés.