Anne a la nausée chaque matin en partant travailler : quelle remarque acerbe lui lancera encore son responsable aujourd’hui ? Dans son travail précédent, elle brillait pourtant. Aujourd’hui, avec un nouvel employeur depuis trois mois, elle se sent incompétente. Critiques constantes de son travail, surveillance de ses moindres faits et gestes et la menace de se faire congédier à tout moment : pas de doute, Anne est victime de harcèlement psychologique.

L’intimidation au travail peut être dévastatrice. Qu’elle vienne d’un superviseur ou d’un collègue, il faut réagir. Comment ?

Des signes à surveiller

Le harcèlement psychologique, tel que défini par la Loi sur les normes du travail, est une conduite vexatoire se manifestant soit par des comportements, des paroles, des actes ou des gestes répétés, qui sont hostiles ou non désirés. Cette conduite porte atteinte à la dignité ou à l’intégrité psychologique ou physique du salarié et entraîne, pour celui-ci, un milieu de travail néfaste.

Le harcèlement psychologique peut prendre plusieurs formes : cris, violence verbale, menaces, insultes, dénigrement, déstabilisation, moqueries, allusions, abus d’autorité… Et les impacts sur les victimes sont majeurs, allant de la perte de confiance en soi à la détresse psychologique, voire bien pire dans les cas extrêmes.

Comment réagir ?

Pour Jacqueline Codsi, coach certifié PCC chez JMC Groupe Conseil, la personne qui juge être victime de harcèlement psychologique doit agir le plus tôt possible : « Au début, répondez avec une touche d’humour sans être trop susceptible. Si le comportement persiste, soyez clair et montrez que vous pouvez réagir. » Car se laisser faire fait de vous une cible facile.

La psychologue conseille de rencontrer rapidement l’intimidateur potentiel pour lui donner de la rétroaction sur ses comportements. Cette approche est parfois dissuasive. Mais si la situation persiste, n’hésitez pas à en parler à des supérieurs et aux ressources humaines, qui ont aussi l’obligation de réagir pour vous assurer d’un milieu de travail sain et sécuritaire.

Cela dit, est-ce vraiment du harcèlement, ou a-t-on affaire à un style de gestion plus strict ? Un gestionnaire a en effet le droit de critiquer votre travail ou d’exercer une certaine pression. Certaines approches de gestion peuvent être désagréables sans être du harcèlement. Voilà pourquoi Jacqueline Codsi insiste pour que l’on ne saute pas trop vite aux conclusions. « Prenez des notes, documentez les agissements. Cela vous permettra de prendre conscience s’il s’agit bien d’un cas de harcèlement. Cela vous aidera également à préparer un dossier de plainte, le cas échéant. »

Quand les avertissements ne sont plus suffisants

Pour vous aider à faire face à la situation, plusieurs ressources existent. Consultez un coach, un psychologue industriel et organisationnel ou les ressources de votre programme d’aide aux employés (choisissez un psychologue ou un intervenant spécialisé dans les problématiques reliées au travail). Ces experts sauront vous aider à réagir, à vous affirmer et à naviguer dans ce contexte difficile. Parlez-en aussi à vos proches : votre entourage peut vous aider à prendre le recul nécessaire et à décharger vos épaules d’un poids pénible à porter.

Au plus fort de la tourmente, vous avez le choix entre l’enquête et la médiation. Jacqueline Codsi conseille fortement la médiation, car elle comporte plusieurs avantages. « Plutôt que d’identifier un coupable et une victime, cette approche permet de trouver des solutions pratiques visant à assainir les relations, tout en évitant le harcèlement et les conflits inutiles. Bien que plus positive, cette approche n’est pas toujours possible cependant, puisqu’elle requiert la collaboration des deux parties. »

Bref, si vous êtes victime de harcèlement psychologique au travail, n’hésitez pas à demander de l’aide pour remédier à la situation, car votre bien-être est primordial.

 

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