Imaginez-vous aller au travail demain matin, et ne pas avoir de patron, ni de supérieur hiérarchique? Plusieurs grandes et petites entreprises ont fait le saut pour ce modèle d’affaires pour le moins intriguant. Portrait d’une tendance à la hausse.

« Dans les années 2000 on a commencé à penser à ces formes beaucoup plus collaboratives basées sur autonomie et la flexibilité plutôt que sur la hiérarchie », explique Chahrazad Abdallah, professeure au département de management et technologie de l’UQAM. « Avec l’avènement des technologie et de la globalisation, on est de plus en plus dans les formes organisationnelles où le savoir est la valeur la plus recherchée, et ce type d’économie fonctionne sur la base des échanges », dit-elle. Bref, plus les manières de travailler changent, plus les organisations changent – ces dernières se sont rendues compte que le travail en équipe était tout à fait viable.

Des exemples concrets

Si le modèle est moins connu au Québec, des entreprises étrangères l’ont adopté en grand nombre. C’est le cas de Valve, une importante compagnie de jeux vidéo ou encore Wikipédia. L’exemple le plus connu demeure celui de Zappos, un géant du commerce en ligne avec 1500 employés. En 2013, la compagnie annonce que le modèle de hiérarchie traditionnel serait mis à la porte, et que les employés travailleraient désormais par sections en équipe, sans véritable chef. Ces derniers organisent des réunions afin de définir en groupe les rôles de chacun ainsi que les problèmes et les solutions à mettre en place.

« C’est un phénomène que j’ai également eu la chance d’observer en France, surtout dans les petites entreprises », raconte Caroline Coulombe, professeure à l’école des sciences de la gestion de l’UQAM. «Les gens installent des processus de prise de décisions qui ne reposent pas sur les titres, et les interactions sont très collégiales », dit-elle.

Avantages et inconvénients

Plusieurs raisons peuvent pousser des entreprises à adopter ce modèle non traditionnel. Ainsi, certains notent une amélioration dans les taux d’absentéisme (ou de présentisme!) puisque les employés se sentent plus responsabilisés et motivés. «Ça demande toutefois une grande maturité relationnelle chez les employés, qui ne doivent pas se retrouver aux prises avec des problèmes d’égo ou de besoin de reconnaissance», souligne Caroline Coulombe. La confiance doit également être bien établie entre les individus.

Un autre avantage, c’est que le pouvoir est désormais diffus et non centralisé dans une seule personne… ce qui entraine également certaines critiques. « Tout est centré sur la mission et le système, et non l’être humain. Les individus peuvent donc avoir moins facilement accès à des mentors », ajoute Chahrazad Abdallah.

Si l’holacratie nécessite une petite révolution des mentalités, une chose est sure : le phénomène est là pour durer!