J’ai 3 jobs!

Les chiffres de l’Institut de la statistique du Québec montrent une nouvelle hausse de l’emploi à temps partiel depuis le début de l’année. C’est une tendance lourde. Certains travailleurs se retrouvent donc à jongler entre deux ou trois emplois pour des raisons financières, mais également plus personnelles. Une situation difficile, mais pas impossible à gérer.
par Fanny Bourel
Marina est coordonnatrice pour une firme de services-conseils en communication. Lorsqu’elle a trouvé cet emploi il y a quelques mois, elle travaillait comme traductrice à temps partiel pour un site internet pour photographes.
Bien que son nouvel emploi soit à temps plein, la jeune femme a décidé de conserver son activité de traductrice. « Je voulais continuer à pratiquer mon anglais, explique-t-elle. Et j’avais besoin de revenus supplémentaires, notamment pour financer les démarches d’immigration de mon copain. »
De fortes motivations
En plus de son emploi principal à temps plein, Marina travaille donc jusqu’à 15 heures par semaine pour son autre job. « C’est intéressant, mais fatigant, déclare-t-elle. Ta vie sociale se retrouve mise de côté. » Concilier ses deux emplois est parfois difficile pour Marina, car ses mandats de traductrice lui sont souvent confiés à la dernière minute. « Le volume de travail est irrégulier, souligne-t-elle. L’équipe du site internet pour lequel je suis traductrice ne s’adapte pas à mon volume de travail. C’est donc à moi de m’organiser pour respecter les dates limites. »
Une situation qui nécessite de la volonté et de fortes motivations. « Il faut bien faire une liste des raisons qui poussent à avoir plusieurs jobs, conseille Marina. Car si au final tu ne gagnes pas beaucoup plus d’argent, est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? »
De l’organisation
Concilier plusieurs emplois demande donc de faire preuve d’organisation. Sylvie Boisvert est coach professionnelle. Elle préconise de bien clarifier avec ses différents employeurs leurs attentes quant à la quantité de travail exigée. Parfois, l’employé se retrouve à effectuer un nombre d’heures plus élevé que prévu pour accomplir les tâches demandées. « Il ne faut rien présumer et bien communiquer pour éliminer le flou, explique-t-elle. Car la confusion engendre des conflits, notamment d’horaire. »
Pour parvenir à bien s’organiser, Mme Boisvert recommande également de bien faire la différence entre ce qui est urgent et ce qui est important. « Ce qui est important est rarement urgent, et ce qui est urgent est rarement important », résume-t-elle en citant l’ancien président américain, Dwight Einsenhower.
Transparence vis-à-vis ses employeurs
Être bien organisé ne suffit pas toujours à prévenir les conflits d’horaire entre plusieurs emplois. Il est donc préférable d’expliquer à ses employeurs que l’on en occupe plusieurs ou que l’on remplit d’autres mandats et contrats. Certains travailleurs sont tentés de ne pas le mentionner, car ils ont peur que cela joue contre eux. « Il faut le dire afin que tes employeurs comprennent que tu sois fatigué, car avoir deux emplois affecte inévitablement ta vivacité », assure Marina qui a précisé dès son entrevue avec la firme de services-conseils qu’elle comptait exercer une double activité.
Une position que partage Mme Boisvert. « Il vaut mieux en parler pour prévenir les malentendus en cas d’interférences entre les différents emplois », dit-elle. Jongler entre plusieurs mandats est déjà stressant, alors être clair avec ses employeurs assure une plus grande tranquillité d’esprit. « Cacher des choses nous met en situation de désaccord avec nos valeurs, ce qui est une source de stress », souligne Mme Boisvert.