Parmi les arguments servis par les policiers, les pompiers et les autres employés municipaux pour s’opposer au projet de loi 3, dont l’objet est d’assurer la pérennité de leurs régimes de retraite, il y en a 3 principaux.

  1. On a volontairement accepté moins de salaire pour un plus gros bas de laine de vieillesse.
  2. Notre travail est plus exigeant et risqué que celui de tous les autres travailleurs, on doit donc se retirer plus tôt.
  3. Ça été négocié, on n’a scotché aucun stylo à la main d’aucun maire.

Il y a une dizaine de jours, nous avons analysé le premier argument. Place aux #2 et #3.

#2 – Danger – Danger – Danger
Dangereux et difficiles, les métiers de policiers et de pompiers? Personne n’en doute. Chaque funérailles de ces serviteurs de la société décédés en service, avec leurs cortèges de collègues venus des 4 coins de l’Amérique, nous rappellent les risques liés aux métiers.

Par contre, pendant ce temps-là, d’autres hommes et femmes, de d’autres métiers et professions, meurent de leurs activités professionnelles sans que cela ne fasse les manchettes, ni l’objet d’une solidarité transfrontalière.

Comme c’est le cas chez les travailleurs de la forêt. Un bûcheron qui meurt dans la forêt fait-il du bruit si aucune caméra n’est présente pour relater son histoire? Selon les données de l’Institut de recherche en santé et sécurité au travail (IRSST), où le taux de décès au travail – c’est-à-dire le nombre de décès par rapport au nombre de travailleurs – est le plus élevé, c’est dans l’industrie forestière. Pour chaque tranche de 10 000 travailleurs, 8 mourront au cours d’une année moyenne. Et dans les scieries, c’est 2.
Dans les mines, c’est presque 3. Dans les usines, sur les chantiers de construction, et sur les routes, plus ou moins un par 10 000 salariés.

Par exemple, dans la construction, chaque jour, 19 travailleurs se blessent. Chaque semaine, un travailleur est électrocuté, électrisé, brûlé ou apprend qu’il a une maladie pulmonaire causée par son emploi. En 2002, 33 sont morts sur les chantiers. En 2011, on avait réussi à améliorer considérablement le bilan, avec «seulement 11 morts».

Qu’en est-il des policiers? On compte 9 décès au cours des 10 dernières années, ce qui donne un taux de décès de 0,6. Moins de la moitié le sont par homicides : sur les 119 décès de policiers survenus depuis 1960, 44 ont été abattus par des malfrats. Quant aux blessures liées à leur travail des études révèlent que la fréquence relative des accidents dans la police était à peu près la même que dans l’ensemble de la population active. Les secteurs cités plus hauts subissent tous une fréquence de blessures et maladies professionnelles plus élevée que celle observée dans l’ensemble de la population active.

Chez les pompiers, on recense quelque 400 accidents travail annuellement depuis 2005. Trois en sont morts depuis cette année-là. Ça inclut les statistiques relatives aux accidents don sont aussi victimes les pompiers volontaires, qui forment 80% des effectifs de la province. Proportionnellement, c’est moitié moins que dans la construction, une industrie responsable de presque 8000 accidents chaque année, pour un effectif de plus ou moins 150 000 ouvriers en moyenne (contre 22 000 pompiers).

#3 – Ils ont signé!
En effet, les régimes de retraite de l’ensemble des syndiqués municipaux sont le fruit de conventions collectives dûment négociées et signées.

Mais contrairement aux autres travailleurs syndiqués, notamment ceux du secteur privé, les employés municipaux n’ont pas à subir le risque d’être mis en lock-out par la partie patronale. Ou, comme les salariés des gouvernements provincial et fédéral, de subir les foudres d’une loi spéciale.
Depuis de nombreuses années, les maires réclament le droit au lock-out afin, disent-ils, de rééquilibrer le rapport de force.

Bien que les syndiqués municipaux sont assujettis à la loi sur les services essentiels, limitant l’effet de leurs grèves, les conditions salariales et de travail en général dont ils ont réussi à obtenir les mènent au sommet des travailleurs du secteur public. Pour bien des observateurs, le déséquilibre dénoncé par les maires, est en bonne partie le résultat de ça.