La technologie menace-t-elle-votre emploi?

Mercedes propose un camion automatisé sans chauffeur, le Los Angeles Times est devenu l’an passé le premier quotidien à utiliser un algorithme pour rédiger un article… Les nouvelles technologies menacent des emplois qu’on croyait jusqu’ici réservés aux humains?
Selon un sondage mené il y a quelques mois par Randstad Canada, le tiers des Canadiens perçoit la technologie comme une menace à son emploi. Des craintes qui sont justifiées jusqu’à un certain point. « C’est une tendance, explique Fabian Lange, professeur d’économie du travail à l’université McGill. Ça va clairement représenter un problème pour les gens dans ces domaines qui peuvent être remplacés par des robots. »
Historiquement, l’automatisation a servi à remplacer les humains pour l’accomplissement de tâches répétitives. L’accroissement de la puissance des ordinateurs permet maintenant des opérations beaucoup plus complexes comme conduire une voiture dans le trafic. Le secteur du transport représente d’ailleurs un bon exemple du type d’emploi que menace l’automatisation au 21e siècle.
Au Canada seulement, l’industrie du transport emploie près d’un million de personnes. On peut cependant déjà efficacement remplacer la plupart des conducteurs de véhicule par des ordinateurs. Chauffeurs de taxi et camionneurs pourraient donc bientôt se retrouver au chômage. Remplacer, à moyen terme, même une partie de ces travailleurs poserait problème : difficile de replacer autant de gens dans le secteur des nouvelles technologies.
Si cette nouvelle économie technologique est une bonne nouvelle pour ceux qui occupent un emploi dans les domaines de l’informatique ou du génie, elle crée une pression à la baisse sur les salaires dans les autres secteurs. « Ces gens qui n’ont pas les compétences qu’exige l’économie numérique vont se tourner vers ces emplois qui nécessitent plus d’interactions humaines, mais cela va augmenter la demande pour ces emplois et diminuer les salaires », craint Fabian Lange.
Diminuer les coûts, c’est le but premier de l’automatisation, mais ses effets ont historiquement été très bénéfiques. « Aujourd’hui, un verre IKEA coûte 3 $. Même au salaire minimum, il ne faut que quelques minutes de travail pour l’obtenir, cite en exemple Fabian Lange. Il y a 100 ans, il aurait fallu travailler des heures pour l’obtenir. » Ces diminutions de coûts profitent à tout le monde et sont la base de l’amélioration des conditions de vie au fil de l’histoire.
Vers une restructuration
« Restera-t-il des emplois pour les humains?, demande Fabian Lange. Je crois que oui. » Il faudra cependant faire des ajustements. « Il faudra aider ces gens qui perdent leur emploi », affirme-t-il. La solution passe en partie par un plus haut taux de scolarisation, une tendance bien en marche au Québec où le taux de diplomation universitaire croît de près de 3 % par année depuis 2007. « C’est l’une des meilleures façons pour l’économie québécoise de rester compétitive », croit pour sa part Jonathan Deslauriers, chercheur au Centre pour la prospérité et la productivité des HEC.
« Il y aura évidemment des conséquences néfastes pour les gens qui seront directement touchés par ces changements, mais dans le long terme, les choses se sont toujours replacées », pense de son côté Joshua Lewis, professeur d’économie à l’Université de Montréal. Le taux de chômage au Québec est d’ailleurs présentement plus bas qu’en 1976, malgré la disparition de très nombreux emplois dans le secteur manufacturier.
La panique n’est donc pas de mise, mais une bonne dose de vigilance est nécessaire, car les changements à venir seront profonds.
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