Le concept est nouveau à Montréal : un café où l’on paye à l’heure plutôt que pour les cafés que l’on consomme. L’Anticafé facture 3 $ pour la première heure, 2 $ pour les suivantes, ou encore 9 $ par jour. Boissons et biscuits inclus. Portrait d’une nouvelle option pour les travailleurs autonomes.

David Chevrier, un des gestionnaires du café, corrige le tir : « Nous, on ne se présente pas comme un café, mais plutôt comme une boutique/galerie d’art/espace de coworking… Notre but, c’est de créer un lieu où l’on se sent chez soi. »
Avec sa cuisine, ses divans, son cinéma maison, ses salles d’études, on peut dire que l’effet est réussi.
D’où vient l’idée ? On voit de ces anticafés principalement en Europe, à Paris et à Rome. Mais le gestionnaire madelinot évoque plutôt une tradition russe où, par temps durs, les citoyens se cotisaient pour squatter des maisons converties en lieux de rencontres.
D’un point de vue pragmatique, David Chevrier et ses collègues cherchaient un lieu de travail pour mener leurs projets respectifs, une sorte d’espace commun qui pourrait s’autofinancer.
Et ça marche. Le commerce, ouvert en octobre, a une clientèle régulière et le concept en lui-même séduit. « Nous avons reçu plusieurs demandes de franchise », lance-t-il.

La formule coworking
L’Anticafé a plusieurs vocations : on vient y relaxer, rencontrer des gens, écouter un film, lire, tendre l’oreille au musicien du jour. Or, il y a également un volet coworking que les gestionnaires veulent promouvoir.
« Nous avons une formule mensuelle à 150 $, explique David Chevrier. Les membres ont un accès complet pendant les heures d’ouverture, de 10 h à 23 h. Évidemment, nous garantissons une place à tous ceux qui s’abonnent. »

La formule a de quoi séduire, lorsqu’on songe qu’une place de coworking peut coûter dans les 300 $ par mois.
David Chevrier assure d’ailleurs que l’endroit est propice au travail : « À l’étage, c’est généralement silencieux. Nous avons deux pièces de style shut up and work ! pouvant accommoder une vingtaine de personnes. »

Une cliente satisfaite
Émilie Nantel, 28 ans, est littéralement tombée amoureuse du lieu. Appréciant tout particulièrement la philosophie « comme à la maison » qui s’en dégage, elle fait le trajet chaque semaine depuis Verdun pour avancer un projet de roman.
« Le premier étage est assez bruyant, concède-t-elle. C’est là qu’on trouve les gens qui veulent jaser, de même que la cuisine et la salle de jeux de société. Le deuxième étage, par contre, est plus tranquille. »
L’écrivaine en devenir y trouve doublement son compte : « Lorsque je suis en panne d’inspiration, je descends au rez-de-chaussée pour me chercher un thé. Je discute avec des gens, et quand je retourne à mon écriture, ça débloque! »
Elle y voit aussi des économies à faire : « Auparavant, je fréquentais une maison de thé du Quartier latin… Ça me coûtait autour de 15 $ pour 2 heures de travail, car j’achetais 2 théières à 6 ou 7 $ ! » C’est gagnant-gagnant.