Sourire est presque toujours payant… à condition de bien le faire.

 

Qu’on soit Canadien, Chinois ou Papou, le sourire signifie la même chose dans toutes les cultures. Il signale une intention cordiale. «Le sourire sert à entretenir de bons rapports entre les humains de manière à solidifier leurs liens de collaboration», explique Pierre Gosselin, un professeur à l’École de psychologie de l’Université d’Ottawa qui étudie l’expression des émotions.

 

Nombre d’experts comme lui ont consacré de très sérieuses carrières à étudier ce curieux étirement des lèvres qui déclenche les coups de foudre, inspire les œuvres d’art. Du pelletage de nuage ?  Sûrement pas ! En analysant les photos de vieux albums de finissants sur une période de 30 ans, des chercheurs de l’Université Berkeley ont découvert que ceux qui souriaient avaient connu plus tard des mariages plus durables, des carrières plus fructueuses.

 

D’autres chercheurs de la Wayne State University (Michigan) ont récemment étudié d’anciennes cartes de baseball et ont remarqué que les joueurs qui ne souriaient pas avaient vécu en moyenne sept ans moins vieux (72,9 ans) que ceux qui avait le sourire fendu jusqu’aux oreilles (79,9 ans). Une autre étude, britannique celle-là, a même avancé que sourire exerce sur le cerveau la même stimulation mentale que recevoir un chèque de 25 000 $!

 

Dale Carnegie, l’auteur américain du célèbre livre Comment se faire des amis (1936, 15 millions d’exemplaires vendus), avait l’habitude de dire : «Un sourire ne coûte rien, mais il crée beaucoup : il ne dure qu’un instant et le souvenir en persiste parfois toute une vie.» À son époque, il ignorait sans doute à quel point il avait raison.

 

«Les sourires sont tous différents», dit Christine Gagnon, synergologue chez Turchet et associés, un cabinet-conseil en communication non verbale. «Personne n’a les mêmes dents, les mêmes lèvres, les mêmes fossettes. Plusieurs éléments en interaction font en sorte que l’image d’un sourire est plus marquante que celle d’un visage neutre.» Sourire lorsqu’on rencontre quelqu’un pour la première fois est donc un moyen d’être oublié moins vite. Cela dit, sourire sur commande est un art difficile à maîtriser. Sans rire.

 

Bon sourire = vrai sourire

Au cours des vingt dernières années, on a découvert que lorsqu’on produit une expression faciale, certaines zones cérébrales s’animent. Or, les mêmes zones sont activées simultanément dans les cerveaux de nos interlocuteurs. Cette transmission de l’émotion émise par la communication non verbale se fait grâce à ce que l’on appelle nos neurones-miroirs. Si l’on fabrique un sourire, l’autre ne sera pas dupe. Sans même avoir à y réfléchir, il ressentira la fausseté. Du coup, le contact avec l’autre risque d’être plus difficile à établir.

 

Ces sourires de façade, même s’ils ne viennent pas du fond des tripes, peuvent toutefois être bénéfiques. Une récente étude menée par des chercheurs de la Penn State University a conclu que le sourire de courtoisie des serveurs de restaurant n’est pas vain. Il a des retombées positives sur la satisfaction de la clientèle, à condition que d’autres critères de qualité soient respectés (qu’il y ait un minimum de cheveux dans la soupe, par exemple).

 

Cela dit, ce qui suffit dans une relation commerciale ou professionnelle a peu de chances de faire l’affaire dans votre vie privée. Un bon conseil : quand vient le temps de sourire, gardez toujours à l’esprit que votre conjoint ou votre mère ne sont pas vos clients.