Le fait de porter des tatouages diminue-t-il vos chances d’obtenir un emploi?

Lorsqu’elle a passé un entretien d’embauche pour un poste de graphiste dans une agence de recrutement, Emily Kalatzis portait des manches longues pour dissimuler ses tatouages.
« Selon moi, il serait insensé qu’un employeur n’embauche pas un candidat parce qu’il a des tatouages… mais j’ai pensé que deux précautions valaient mieux qu’une », affirme-t-elle.
Elle n’est la seule à penser de la sorte, et pour cause : d’après un sondage effectué en 2014 par Workopolis, pas moins de 77 pour cent des employeurs sont moins enclins à embaucher quelqu’un qui porte des tatouages.
Mais en 2017, alors qu’au moins un Canadien sur cinq porte un tatouage, être tatoué diminue-t-il vraiment vos chances de vous faire embaucher?
Oui et non, selon Andrew Timming, professeur à l’École de commerce de la University of Western Australia, qui a réalisé de nombreuses études sur les tatouages au travail.
« La plupart des employeurs voient toujours les tatouages d’un assez mauvais œil et continuent d’avoir des idées stéréotypées à ce sujet, mais ces perceptions changent rapidement », dit-il. « Au cours des deux dernières décennies, la prévalence des tatouages a sensiblement augmenté. »
Il faut garder à l’esprit une chose importante : les employeurs et les particuliers ne perçoivent pas tous les tatouages de la même façon.
Dans les entreprises qui cherchent à cibler une population jeune et branchée, les tatouages sont plus susceptibles d’être considérés comme un atout en raison de leur adéquation avec l’identité de la marque, explique M. Timming. Par exemple, des magasins de vêtements jeunes et branchés mettent même en vedette des mannequins tatoués dans leurs campagnes publicitaires.
C’est le genre de culture de travail que Patrick Worden a découvert comme entraîneur personnel à Hamilton. Dans son gymnase, environ la moitié des entraîneurs portent des tatouages bien visibles et, sur les quelque 15 entraîneurs, seuls deux ou trois n’en ont aucun.
« De toute évidence, le fait d’avoir des tatouages ne joue absolument aucun rôle dans le processus de recrutement. En revanche, vu de l’extérieur, un entraîneur tatoué donne l’impression d’être un dur quelque peu audacieux. Les tatouages collent donc bien dans ce milieu », dit-il.
Mais, ce n’est pas le cas partout.
« Les entreprises plus traditionnelles qui ciblent entre autres le groupe démographique des moins jeunes sont nettement plus susceptibles de porter un jugement négatif sur les candidats à un emploi ayant des tatouages, » ajoute M. Timming. « Dans de nombreux cas, un tatouage équivaut directement à un carton rouge. »
Pourtant, d’après certains, ces positions « traditionnelles » sont en train de s’assouplir.
« À l’heure actuelle, de nombreuses entreprises acceptent davantage les tatouages, qui ne sont plus désormais réservés au barman ou à la serveuse … même les médecins, les avocats, les parlementaires en ont », dit Shruti Shekar, journaliste politique à Ottawa. « Selon moi, cette mutation culturelle et générationnelle peut s’expliquer par le fait que les pop stars, qui ont des tatouages et ne s’en cachent pas, exercent une influence sur un grand nombre de jeunes. »
Toutefois, chaque secteur d’activités et entreprise pouvant être légèrement différents, M. Timming recommande aux chercheurs d’emploi de garder à l’esprit quelques points essentiels.
- Tenir compte de l’emplacement des tatouages. Des tatouages sur le visage sont audacieux et seront mal accueillis par certains employeurs. Par contre, il est facile de cacher un tatouage sur lequel on peut porter un vêtement pendant un entretien d’emploi ou une réunion d’affaires. « Les chercheurs d’emploi, qui portent des tatouages difficiles à dissimuler, comme sur les mains, le cou et le visage, auront clairement de plus grandes difficultés à trouver un emploi », explique M. Timming.
- Éviter les motifs offensifs. Le genre du tatouage compte. Il faut donc avoir conscience que certains motifs ou mots, comme un langage vulgaire ou blasphématoire, peuvent être rédhibitoires. Si des mots comme « AMOUR » et « HAINE » peuvent avoir l’air « cool » sur les articulations quand on a 21 ans, ils le sont beaucoup moins à 51 ans », dit M. Timming.
- Couvrir les tatouages ou les montrer. Tout dépend de l’entreprise. Il est donc important de faire des recherches sur la culture de l’entreprise pour déterminer s’il vaut mieux cacher des tatouages pour une entrevue ou si, au contraire, il est préférable de les exhiber. « Ainsi, si vous postulez à un poste de directeur artistique dans une société de marketing, des tatouages, s’ils sont de bon goût, se marieront bien avec le contexte de cette société », dit M. Timming. En revanche, si vous postulez à un emploi qui n’exige pas d’interaction avec la clientèle, d’un emploi que vous exercerez « en coulisses » en somme, (p.ex., un poste de programmeur ou de concepteur de logiciels), des tatouages n’auront pas la même importance que s’il s’agit d’un emploi demandant de nombreux contacts directs avec les clients.
- Ce qui importe : si vous avez envie d’un tatouage, faites-vous en faire un. Certains responsables de l’embauche fronceront peut-être les sourcils à la vue de vos tatouages hauts en couleur. Qu’importe. C’est votre corps après tout. Et puis, vous n’êtes pas obligé de travailler pour une entreprise qui vous demande de les cacher. « Les temps changent. Il n’est donc plus logique de conseiller aux gens d’éviter entièrement d’avoir des tatouages », dit M. Timming.
À lire aussi:
10 petits mensonges acceptables lors d’une entrevue d’embauche
3 raisons pour lesquelles on ne vous rappelle pas pour une entrevue
Les 9 erreurs les plus courantes lors d’une entrevue
10 questions pour réseautage authentique
_______
– Suivez Workopolis sur Twitter
– Abonnez-vous au bulletin Workopolis Hebdo