Le monde entier s’est indigné du faux interprète pour sourd-muet à la cérémonie en mémoire de Nelson Mandela. Quel sort est réservé à ces personnes qui falsifient leur CV? Au-delà des considérations morales, le mensonge a un coût… à condition de le débusquer.

par Catherine Martellini

Il importe d’abord de distinguer les petits mensonges des plus gros. Certes, la rédaction d’un CV consiste en l’art d’enjoliver vos expériences et de les tourner à votre avantage. Pourtant, nul besoin d’inventer des compétences que vous n’avez pas si vous savez comment bien présenter l’information.

Selon un sondage mené auprès de 1002 Canadiens pour le compte d’ADP Canada, un Canadien sur cinq mentirait dans le but d’obtenir un emploi. Parmi eux, 15 % dissimuleraient des détails moins importants sur leur CV, 17 % prétendraient avoir des compétences qu’ils n’ont pas et 12 % inventeraient carrément des titres professionnels essentiels à leur domaine. Des chiffres pour le moins inquiétants.

Le fait d’exagérer certaines compétences ou d’inventer un diplôme n’entraîne toutefois pas les mêmes conséquences. Dans le premier cas, l’employeur qui vous embauche pourrait s’en rendre compte en vérifiant vos antécédents. Une telle vérification n’est toutefois pas systématique et bon nombre de candidats réussissent à déjouer les employeurs. Si la compétence n’était pas essentielle au travail, ce mensonge pourrait cependant passer inaperçu une fois la personne embauchée.

La situation peut se révéler plus grave lorsqu’un candidat est embauché sur la base d’un diplôme ou d’un titre professionnel. Selon GardaWorld, qui effectue des vérifications préemploi, l’embauche d’une mauvaise personne pourrait occasionner des coûts allant jusqu’à 25 000 $ en publicité, en formation et en compensation.

La loi et la pratique
L’employeur qui découvre la supercherie une fois la personne embauchée ne peut pas nécessairement le congédier. Aucune loi n’interdit les fausses déclarations au Canada. Le Code criminel renferme des dispositions en matière de contrefaçons, mais aucune ne porte sur l’utilisation de faux diplômes. Pour qu’une telle décision soit considérée comme justifiée, l’employeur doit démontrer que l’employé a manqué à son obligation d’honnêteté et de loyauté en faisant une fausse déclaration et que celle-ci a miné le lien de confiance avec lui, un lien essentiel à la bonne continuité de la relation d’emploi.

Les tribunaux ont établi certaines balises pour déterminer si le congédiement est justifié. Ainsi, il doit y avoir un lien entre la fausse déclaration et les fonctions exercées par l’employé. L’employeur doit également établir qu’il n’aurait pas embauché l’employé s’il avait connu la vérité. Enfin, les tribunaux doivent déterminer si la fausse déclaration était volontaire.

Malgré ces critères, les tribunaux évaluent toute situation au cas par cas. Si l’employé exerce une profession réglementée, comme avocat, expert-comptable ou médecin, il peut être poursuivi en justice pour exercice illégal. Les sanctions dépendent donc aussi des ordres professionnels.

Outre les conséquences légales, les fausses déclarations nuisent à votre réputation. Si un employeur s’aperçoit du mensonge, non seulement il ne vous embauchera pas, mais cela pourrait miner vos chances de vous tailler une place dans un domaine. Le monde des affaires est petit et l’information pourrait circuler d’une entreprise à l’autre.

Mentir n’est jamais le meilleur moyen d’arriver à ses fins. Misez sur vos forces plutôt que sur vos faiblesses.