Comment résumer la situation de l’emploi au Québec, à la lumière des dernières données de Statistique Canada?

En y allant le plus directement possible. Et ça fait mal. Contrairement au portrait brossé par la plupart des médias, alors qu’on parlait d’une situation relativement stable.

Mais en s’attaquant aux détails, on se rend compte que le marché du travail est déprimé comme rarement depuis la récession de 2008.

Beaucoup de chômeurs pour rien
D’abord, le taux de chômage de 8% en mai est le plus élevé depuis août dernier. Ce n’est que la quatrième fois en plus de 36 mois qu’il atteint ou dépasse la barre des 8%.

La qualité diminue
Avec une perte encore une fois de 27 000 emplois à temps plein, il n’y a jamais eu si peu de jobs de cette qualité depuis février 2012, alors qu’il y avait aussi à l’époque moins de Québécois pour les occuper. Ainsi, un Québécois en emploi sur 5 travaille à temps partiel, un taux anormalement élevé, alors qu’en général, la moyenne se situe plutôt entre 18 et 19%.

Moins de travailleurs
Le taux d’emploi – c’est-à-dire le pourcentage de Québécois de plus de 15 ans mais moins de 65 qui travaillent – a atteint un plancher en plus de 2 ans, à 59,6% (il était à 60,5% en novembre dernier, le sommet sur un 1 an)

Longue, très longue recherche
Et le Québec détient le record canadien de la plus longue durée de chômage, avec 23 semaines de recherche d’emploi avant de s’en retrouver un autre.

Pas mieux ailleurs
Remarquez, l’herbe n’est guère plus verte ailleurs. En Ontario, près 32 000 emplois à temps plein ont disparu en mai. La Colombie-Britannique comptait 2000 emplois (tous types confondus) en moins et les Maritimes, près de 6000.

Au cours de la dernière année, 6 des 9 provinces ont perdu des emplois. L’Ontario fait partie des gagnantes, mais au prix de la qualité des jobs : moins d’emplois à temps plein, mais beaucoup plus à temps partiel.

Pendant ce temps aux États-Unis, pour la première fois, le pays comptait autant d’emplois qu’avant la récession de 2007. Il aura fallu juste 7 ans pour récupérer ces emplois, tandis qu’au Canada, comme au Québec, ce niveau a été atteint il y a plusieurs années déjà.

Il y a des bonnes nouvelles (aussi…)!
Il est sain d’esprit de croire que le marché du travail québécois (et le canadien) puisse prendre du tonus au cours des prochains mois. Workopolis constate une hausse de 25% des offres d’emploi affichées sur le Web entre mai 2013 et mai 2014. Mais encore une fois, c’est au Québec que la croissance est la plus faible.

En avril et mai, par contre, les emplois offerts ont crû de 8% au Québec, et 6% en Ontario et dans l’Ouest.

 
Éric Grenier

Éric Grenier est journaliste. Il a été notamment rédacteur en chef du Magazine Jobboom, et est collaborateur aux magazines L’actualité et Protégez-vous.