Au cours des dix dernières années, le salaire des détenteurs d’un diplôme d’études secondaires (DES) a beaucoup augmenté, se rapprochant désormais de plus en plus de celui des jeunes bacheliers. C’est du moins ce que révèle une étude récente de Statistique Canada.

L’étude, qui s’est intéressée aux diplômés des années 2000-2002 à 2010-2012 met en relief plusieurs données intéressantes, précisant notamment que l’importance et la raison des écarts diffère selon le sexe. Par exemple, l’augmentation du salaire minimum ainsi que la montée de la scolarisation chez les femmes sont des facteurs ayant contribué à resserrer l’écart entre ces dernières. Ainsi, le salaire hebdomadaire des hommes titulaires d’un baccalauréat a diminué marginalement tandis que celui des femmes a augmenté d’environ 5 %. Du côté des détendeurs d’un DES, le salaire a augmenté d’environ 9 % pour les hommes et de 11 % pour les femmes.

Pour Philip Merrigan, professeur spécialisé en économie du travail à l’UQAM, tout est une question d’offre et de demande. « La proportion des gens détenant un BAC augmente, particulièrement pour les femmes qui sont de plus en plus scolarisées et sur le marché du travail. Il y a donc plus d’offre et pas nécessairement plus de demande, ce qui contribue à faire stagner les salaires » explique-t-il. Inversement, cela signifie que la proportion de gens détenant uniquement un DES diminue. « Pour les attirer sur le marché du travail, on peut augmenter la rémunération » ajoute le professeur.

Ce dernier tient à souligner que l’écart est sans doute également réduit par les salaires bonifiés offerts à la main-d’œuvre dans les provinces de l’ouest. « Le domaine des ressources naturelles est très payant, même s’il ne nécessite pas d’études universitaires. Il faut s’éloigner, et travailler dans des conditions difficiles » explique Philip Merrigan. L’étude de Statistique Canada confirme d’ailleurs cette théorie, précisant que le rétrécissement de l’écart entre les salaires s’explique entre autres par le boom pétrolier des années 2000, notamment en Alberta.

Même s’il augmente, le salaire des diplômés de DES demeure bas. Il est donc évident que l’augmentation du salaire de ces derniers est une bonne nouvelle pour l’amélioration de leur qualité de vie, selon Philip Merrigan. Or, à long terme, il ne faudrait pas que les écarts se referment trop, décourageant certaines personnes de poursuivre des études universitaires. « Il faut que la main-d’œuvre au Canada reste qualifiée afin de pouvoir compétitionner avec les pays émergents comme la Chine » avance le professeur d’économie.

« Pour le moment, il n’y a pas de quoi s’inquiéter » reconnait-il toutefois.