Le savoir-vivre au travail : en perte de vitesse?

Des recruteurs qui envoient des messages via LinkedIn sans même prendre le temps de dire « Bonjour ». Des employeurs qui ne disent jamais « merci » ou « s’il vous plaît » lorsqu’ils envoient des courriels… N’avez-vous pas l’impression, parfois, que de communiquer avec des machines serait plus humain ?
Baisse réelle du civisme
Le savoir-vivre dans la sphère professionnelle serait en perte de vitesse, car il existe un flou autour du concept. Par exemple, le vouvoiement. Au Québec, en tout cas, les règles ne sont pas claires. Le « vous » insulte certaines personnes, alors que d’autres le prennent pour un prérequis.
Devant un manque de règles établies, difficile de s’entendre sur ce qu’est le savoir-vivre. Par ailleurs, on ferait moins preuve de savoir-vivre parce qu’il n’y a pas vraiment de conséquence à ne pas appliquer l’étiquette. Pour cause, il est beaucoup moins grave aujourd’hui qu’autrefois d’oublier certaines civilités. C’est comme si depuis une quarantaine d’années, l’individu avait oublié qu’il vivait en communauté. Tant que tout est fait dans la légalité, il n’y a pas de honte à adopter certains comportements douteux.
Si aucune incivilité (comme le tutoiement) n’est bien grave prise séparément, sur les lieux de travail, l’accumulation de petites frustrations peut vite devenir difficile à vivre. Parler fort au téléphone, raconter ses malheurs aux collègues, critiquer ses patrons devant les clients ou fournisseur sont tout autant de choses qui peuvent avoir un grave impact sur le rendement de l’entreprise. Selon une firme de gestion américaine, parmi les personnes victimes de manque de savoir-vivre, 1 personne sur 8 démissionne !
Selon Christine Pearson et Christine Porath, auteures du livre The Cost of Bad Behaviour, le manque de savoir-vivre aussi des répercussions sur la motivation au travail. Qui dit manque de motivation dit moins de satisfaction au travail, ce qui entraîne une baisse de productivité générale.
De plus, le stress psychologique résultant du manque de savoir-vivre finit par avoir un effet négatif sur les capacités des individus. Au final, c’est le rendement au travail qui en pâtit.
Impacts des outils technologiques
Il existe différentes manières de faire preuve de savoir-vivre. Mais avec les différents outils technologiques qui font partie de notre quotidien, il semble plus facile d’oublier certaines civilités. Par exemple, témoigner de l’empathie reste un des piliers des relations interpersonnelles en milieu de travail.
Malheureusement, il faut avouer qu’il est plus difficile de témoigner de l’empathie lorsque toutes les interactions se déroulent par courriel. Sans intonation ou nuance, un message peut très bien être mal interprété… Et ce, même si les « émôticones » foisonnent. Autre règle d’or au travail : ne pas trop s’épancher sur sa vie privée.
Bien qu’il soit parfois gênant de parler de son intimité en face à face, de nombreux individus n’hésitent pas à révéler de grands pans de leur vie privée, ou même (pire !) à insulter clients ou collègues dans la sphère archi-publique offerte par les réseaux sociaux. Avoir l’air intéressé durant les réunions va de soi.
Mais avec les appareils électroniques à portée de main – un iPad pour prendre des notes, un cellulaire pour être prêt à recevoir des courriels ou un appel, un ordinateur pour montrer la présentation – difficile de ne pas être distrait par toutes ces stimulations. En pleine présentation d’un collègue, lire des textos ou des messages devant nos pairs, c’est passer le message que les personnes face à nous sont moins importantes que l’appareil qu’on tient entre nos mains…
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