par Fanny Bourel

Le chômage ferait vieillir prématurément les hommes selon une étude menée auprès de plus de 5 000 Finlandais. Des dommages collatéraux qui épargneraient cependant les femmes.

Être au chômage a un impact sur le moral et sur la santé mentale, mais aussi sur le vieillissement biologique. C’est ce que suggère une étude menée par des équipes de l’Imperial College de Londres et de l’université finlandaise d’Oulu, dont les résultats ont été publiés en novembre dans la revue scientifique Plos One. Les chercheurs ont étudié les échantillons d’ADN prélevés en 1997 sur des hommes et des femmes âgés de 31 ans vivant dans le nord de la Finlande.

Les scientifiques ont en fait analysé la longueur des télomères, régions situées à l’extrémité des chromosomes, qui raccourcissent au fur et à mesure du vieillissement. Des télomères plus courts que la moyenne sont donc le signe d’un vieillissement prématuré et d’un risque plus élevé d’être touché par des maladies cardiovasculaires ou par le diabète de type 2.

Vieillissement biologique prématuré
L’analyse des échantillons d’ADN a montré que les hommes qui ont connu le chômage pendant au moins deux ans avaient des télomères deux fois plus courts que ceux occupant un emploi.

« Le lien entre des expériences de vie stressantes dans l’enfance ou à l’âge adulte et l’accélération du raccourcissement des télomères a déjà été prouvé. Nous avons maintenant démontré que le chômage peut aussi être la cause d’un vieillissement prématuré », précise le Dr Jessica Buxton de l’Imperial College, dans un communiqué sur l’étude.

Les chercheurs estiment que le stress engendré par le chômage est la raison principale de ce vieillissement prématuré. Cependant, ils pensent qu’il est également possible que le raccourcissement des télomères résulte de problèmes de santé qui ont obligé les participants à l’étude à arrêter de travailler. Bref, c’est l’oeuf ou la poule.

Les femmes non concernées
Curieusement, ces effets n’ont pas été observés chez les femmes. Selon les auteurs de l’étude, cela peut s’expliquer par le fait que les femmes ont été moins touchées par le chômage de longue durée au début de leur vie d’adulte. À cet âge, beaucoup de femmes ont des enfants, ce qui réduirait leur vulnérabilité à des déceptions, notamment d’ordre professionnel.

La vision traditionnelle de l’homme comme pourvoyeur de sa famille expliquerait également pourquoi les hommes vivent moins bien d’être au chômage. Les chercheurs pensent que cette question doit faire l’objet d’études supplémentaires pour déterminer si le chômage de longue durée a réellement plus d’impact sur les hommes que sur les femmes.

D’autres recherches se sont penchées sur la question des conséquences du chômage de longue durée sur la santé. « Mais cette étude est la première à démontrer cet effet au niveau cellulaire, soutient le Dr Leena Ala-Mursula de l’université d’Oulu. Ces résultats soulèvent des questions concernant les effets du chômage à long terme sur les jeunes adultes. Maintenir les gens en emploi devrait être un élément essentiel de la promotion de la santé en général. »