Les diplômes, c’est la santé

On savait déjà que faire des études reste la meilleure garantie d’une vie professionnelle prospère et intéressante. Une récente étude de Statistique Canada montre qu’en plus, user plus longtemps les bancs d’école est la clé d’une vie plus longue et en meilleure santé.
Le niveau de scolarité influe sur la condition physique au même titre que les conditions sociales, économiques et environnementales dans lesquelles évoluent les personnes. C’est la principale conclusion de l’étude Mortalité par cause selon le niveau de scolarité au Canada : une étude de suivi sur 16 ans, publiée en août dernier.
Pour ce faire, Statistique Canada a suivi plus de 2,7 millions de Canadiens âgés de 25 ans et plus, entre 1991 et 2006. Un échantillon représentant pas moins de 15 % de la population adulte au pays. Durant cette période, 426 000 d’entre eux sont morts d’une maladie ou d’un accident. Les scientifiques ont divisé cette population décédée en huit groupes selon le niveau d’études (universitaire, diplôme d’études postsecondaires, diplôme d’études secondaires, pas de diplôme) et le sexe. Pour chaque niveau, ils ont scruté à la loupe les taux de mortalité pour chaque cause de décès, afin de savoir si les docteurs et les bacheliers mouraient de la même façon que les décrocheurs.
Le premier constat, c’est que sur cette période de 16 ans, plus on a de diplômes, moins on meurt, et de façon très significative.
Ainsi, le ratio des taux de mortalité atteint plus de 1,5 entre les hommes sortis du système scolaire les mains vides et les titulaires d’un diplôme universitaire. Autrement dit, il y a eu chaque année, entre 1991 et 2006, 1562 décès par tranche de 100 000 des premiers contre seulement 1008 pour 100 000 des seconds.
Femmes 1, hommes 0
L’autre constat majeur, c’est le rôle très important que joue le sexe.
Au sein de la gente féminine canadienne, l’écart de mortalité entre les plus et les moins scolarisées est comparable à celui de leurs homologues masculins (977,7 décès par an pour 100 000 non diplômés contre 677,7 pour les universitaires, soit un ratio de 1,44). Par contre, tous niveaux d’études confondus, les femmes sont mortes globalement 1,6 fois moins que les hommes (869 décès par an et pour 100 000 chez les premières contre 1373 pour les seconds).
Il semblerait notamment que ces dames aient des vies plus raisonnables, vu que c’est dans le domaine des maladies transmissibles (notamment le SIDA, 12 fois plus de morts chez les hommes), des accidents et des suicides (respectivement deux et quatre fois plus de morts chez les hommes) et des maladies liées à la consommation de tabac ou d’alcool (respectivement trois et deux fois plus de morts chez les hommes) que les écarts sont les plus vertigineux entre les sexes.
Apprendre à mieux vivre
Quant à l’incidence du niveau de scolarité, les plus diplômés ont des taux de mortalité systématiquement plus faibles dans tous les types de pathologies ou d’accident, sauf dans le cas des troubles neuropsychiatriques, comme la maladie d’Alzheimer ou les autres formes de démence. C’est logique, puisque ce sont des maladies qui se développent avec la vieillesse, et que les plus diplômés vivent plus vieux.
Comme entre hommes et femmes, c’est aussi dans le cas des morts directement liées à des facteurs comportementaux et à l’hygiène de vie que l’incidence du niveau de scolarité est la plus forte. Par exemple, on meurt environ 2,5 fois plus du tabac chez les sans diplôme que chez les universitaires. Pour l’alcool et les drogues, c’est autour de trois fois. Idem pour les suicides et les accidents.
Cette étude suggère donc que le niveau d’instruction est en relation directe avec une consommation moins élevée de produits toxiques et une plus grande retenue face aux comportements à risques (une exception toutefois, la mortalité due au SIDA qui augmente avec le niveau de diplômes chez les hommes seulement.)
En fin de compte, l’école serait-elle aussi une bonne école de la vie?