C’est un fait : à la lumière des caractéristiques actuelles des femmes québécoises actives sur le marché du travail, ces dernières devraient être payées plus cher que les hommes. Carrément.

Elles sont plus scolarisées, et ont une plus longue ancienneté en général, deux éléments qui devraient grandement affecter la rémunération. C’est l’une des conclusions d’une étude statistique sur l’évolution des salaires menée par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC). Par exemple, près d’une femme sur trois qui travaille à temps plein détient un diplôme universitaire, contre seulement 23% pour les hommes.

Le constat général est toutefois positif, croit Oscar Calderon, l’un des deux chercheurs s’étant penché sur la question : «On remarque surtout que de 1997 a 2012, les femmes ont continué à améliorer leurs caractéristiques, notamment en étant plus nombreuses à choisir une carrière en sciences et en santé» explique-t-il. Les positions de cadres accordées aux femmes ont également augmenté de manière significative. D’ailleurs, une bonne partie du rattrapage salarial ne s’explique même pas par des critères objectifs, remarque l’économiste: «62% du rattrapage n’est pas expliqué par ces caractéristiques. Sans doute pouvons nous en attribuer une partie à la loi sur l’équité salariale, mais aussi à un changement de mentalité au sein de la société», croit-il.

Il reste tout de même un écart de 11,3% qui ne s’explique pas du tout, surtout eu égard aux postes et aux qualifications des femmes. Ainsi, en 2012, les femmes gagnaient un salaire horaire moyen correspondant à 92 % de celui des hommes. Cet écart est d’ailleurs similaire dans le reste du Canada, avec un taux de 12,3% pour le reste du pays. Mais qu’est-ce qui l’expliquerait ? Si les chercheurs ne se sont pas penchés sur les raisons précises de cet écart, Oscar Calderon évoque tout de même une possibilité : «Une des explications qui peut être amenée c’est que pour certains emplois, comme en gestion, les femmes vont être plus boudées à cause de la conciliation travail-famille». Si l’écart continuait à se rétrécir sur l’ensemble de la période étudiée, soit de 1981 à 2012, il est difficile de dire si cette tendance va continuer.