Les attentes salariales des étudiants canadiens sont irréalistes, selon un récent sondage réalisé par BMO Banque de Montréal. Leurs espoirs sont en décalage avec la réalité du marché du travail, mais pas forcément avec celle de l’endettement étudiant et des prix de l’immobilier.

par Fanny Bourel

Les 602 étudiants canadiens interrogés en ligne pour ce sondage espèrent ainsi toucher un salaire annuel de plus de 50 000 $. Pourtant, les chiffres de Statistique Canada montrent que les titulaires d’un diplôme d’études postsecondaires gagnent en moyenne 45 000 $ deux ans après leur entrée sur le marché du travail.

Ce sont les hommes qui ont les attentes salariales les plus élevées. Ils pensent recevoir un salaire de près de 53 000 $ alors que, dans les faits, ils perçoivent 48 000 $ par an. Quant aux étudiantes, elles s’attendent à un salaire de départ de 48 000 $ alors que les jeunes diplômées touchent à peine 44 000 $ par an en moyenne.

Le domaine d’études fait évidemment beaucoup varier les salaires des jeunes diplômés comptant moins de deux ans d’expérience. Si les diplômés en architecture, en ingénierie et en santé gagnent en moyenne 53 000 $ par an, la situation est moins rose pour les autres. Toujours selon les chiffres de Statistique Canada, les étudiants en sciences sociales, en lettres, ou encore en arts visuels et du spectacle touchent respectivement 40 000 $, 36 000 $ et 31 000 $ en moyenne. Les diplômés en éducation peuvent espérer recevoir un salaire moyen de 45 000 $. Un chiffre qui s’élève à 48 000 $ pour les diplômés en affaires, gestion et administration.

Étudier longtemps : un bon choix
Faire des études supérieures n’est pas aussi rémunérateur que ce que les étudiants souhaiteraient, mais cela reste tout de même l’option la plus payante.

Selon l’Enquête nationale auprès des ménages de 2011, publiée le mois dernier par Statistique Canada, le salaire moyen annuel de l’ensemble des diplômés universitaires travaillant à temps plein était de 80 500 $. Celui des diplômés du collégial et des écoles de métier était de 54 000 $ et celui des diplômés du secondaire de 46 000 $. Aller à l’université permet donc de gagner en moyenne deux fois plus qu’interrompre ses études après le secondaire.
Un diplôme universitaire constitue également une protection efficace contre le chômage. Toujours selon l’Enquête nationale auprès des ménages, le taux de chômage des titulaires d’un baccalauréat est de 4,5 % alors que celui des personnes sans certificat ni diplôme est de 11,3 %.

Contexte défavorable
La surestimation par les étudiants de leurs futurs salaires est à mettre en parallèle avec le taux d’endettement des diplômés canadiens. Un autre sondage, également réalisé cet été par BMO Banque de Montréal, a montré que les étudiants canadiens s’attendent à détenir une dette d’en moyenne 26 300 $ à la fin de leurs études. Une dette qu’ils pensent pouvoir rembourser en 6,4 années alors que dans la réalité, selon le Programme des prêts et bourses, il faut en général près de 10 ans à un diplômé pour rembourser son prêt.

En plus de rembourser leur dette étudiante, les jeunes diplômés canadiens doivent également épargner suffisamment s’ils veulent devenir propriétaires.

La dernière étude de l’Association provinciale des constructeurs d’habitations au Québec a précisé que la mise de fonds moyenne des accédants à la propriété québécois était de 28 000 $. En 2001, il fallait en moyenne 5 ans pour constituer la mise de fonds nécessaire à l’achat d’une propriété. En 2012, ce chiffre est passé à 10 ans.

Bref, pas facile d’être jeune en 2013…