par Josiane Roulez

La plupart des gens recherchent une stabilité professionnelle. Mais si on se plantait une épine dans le pied en restant trop longtemps dans un même poste, une même entreprise? Avantages et dangers du statu quo professionnel.

Stagnation ou développement ?
« Aujourd’hui, rester plus de 10 ans dans le même poste ou la même entreprise est assez rare », soutient Madeleine Fortier, présidente d’Accent Carrière et conseillère en carrière. « La durée souhaitable est plutôt de 3 à 5 ans. Si on reste plus longtemps, il faut se demander pourquoi on reste : est-ce par insécurité ou parce qu’on est toujours stimulé par ses tâches et son environnement ? »

En effet, s’accrocher à son emploi par crainte du changement peut être nuisible. Car lorsque le changement survient, on y est mal préparé. « La personne peut avoir des difficultés à s’adapter et se rendre compte qu’elle a stagné, que ses compétences sont désuètes et qu’elle n’est pas prête à faire face au marché de l’emploi », déplore Madeleine Fortier.

Même si on reste dans un emploi longtemps parce qu’on aime son travail, on doit se méfier de la stagnation. « Aujourd’hui, il faut se développer et faire ses preuves constamment, et se garder à jour grâce à des formations, en devenant membre d’une association professionnelle et en étant à l’affût des innovations dans son domaine », souligne Madeleine Fortier.

Bâtir sa réputation
Rester dans un même emploi présente néanmoins de nombreux avantages, notamment celui de faire ses preuves et de bâtir sa réputation. C’est dans la durée qu’on mène à terme ses projets, qu’on approfondit son travail et ses compétences, qu’on acquiert la maîtrise de ses tâches et de son domaine de travail. Dans sa profession, Madeleine Fortier rencontre souvent des gens qui font des « sauts de puce », changeant d’emploi à la moindre occasion alléchante ou à la première frustration.

« Lorsqu’un employeur constate qu’un candidat a changé de poste tous les ans, il se demande si ça vaut la peine d’investir dans cette personne. Pour bâtir sa réputation, on doit faire ses preuves dans une entreprise et accepter de faire face aux réalités du travail. Même si on aime sa profession, il y a toujours des difficultés à surmonter », affirme Madeleine Fortier. Avant de changer d’emploi trop vite, elle suggère donc d’essayer de résoudre ses difficultés et de chercher des défis dans son milieu de travail, par exemple en changeant de mandat ou en postulant pour une promotion.

Il est vrai, cependant, que changer régulièrement d’emploi peut apporter des gains salariaux substantiels. Il s’agit alors de comparer les avantages qu’apporte l’ancienneté dans son entreprise, notamment sur le plan de la retraite, et les possibilités d’obtenir un meilleur salaire ailleurs. Le besoin de stabilité joue aussi pour beaucoup dans la décision de partir ou de rester.

Une question de point de vue
Au fond, tout est une question de point de vue… et de savoir de présenter ! « Si une personne dit simplement qu’elle a travaillé 20 ans en entrepôt, un employeur peut se demander si elle est motivée. Mais si elle dit qu’elle a développé une excellente expérience de la gestion d’entrepôt, qu’elle a adoré son travail et qu’elle est prête à mettre son expertise au service de l’employeur, elle donne une vision toute différente de sa carrière ! » illustre Madeleine Fortier.

Une chose est sûre, on n’arrive plus dans un poste en déposant ses valises pour s’y installer confortablement. Aujourd’hui, il faut se tenir toujours prêt pour un autre voyage.