Mon boss est introverti

Votre patron s’échappe aux toilettes après quelques questions ? Il évite les évènements sociaux et s’efface plutôt que de donner des directives ? Il est probablement introverti. Des astuces pour mieux le comprendre et apprendre à travailler avec lui.
Pour Susan Cain, auteure du livre Quiet: The Power of Introverts in a World That Can’t Stop Talking, les temps sont durs pour les introvertis. Nous sommes tyrannisés par le devoir d’extroversion, la pression pour partager et mettre en scène sa vie. Il faut crier « j’existe » à la moindre occasion ! Au travail particulièrement, on admire les leaders avec des personnalités qualifiées d’ouvertes, ceux qui vont au-devant et tendent la main en premier. Or, Susan Cain exhorte à démontrer plus de reconnaissance envers les qualités des introvertis. Elle assure que ceux-ci font d’excellents chefs d’entreprise.
Mieux connaître sa personnalité
Être introverti ne signifie pas nécessairement être timide, même s’ils sont souvent liés. Il s’agit plutôt d’une préférence pour les activités solitaires, ce qui n’est pas non plus une crainte des contacts sociaux. C’est une autre forme d’être, une façon d’habiter son propre esprit par la réflexion, plutôt que de se lancer constamment dans le monde extérieur.
Ces catégories, utilisées en psychologie, ne sont pas figées ou immuables. Un introverti peut par exemple être gêné et avoir peur du risque…, ou simplement détester le bavardage sans but et vouloir stratégiquement calculer le risque.
Ne perdez pas de vue :
- Si vous voulez bien cohabiter avec un patron introverti, ne jugez pas sa valeur par son étalage extérieur. « Il n’y a aucune corrélation entre être le meilleur orateur et avoir les meilleures idées », lance Susan Cain en conférence. Ce n’est pas parce qu’il ne parle pas fort qu’il ne pense pas!
- Réjouissez-vous de l’espace qu’un gestionnaire introverti laisse à son équipe. Puisqu’il s’efface, les idées des autres peuvent être mieux entendues.
- Rappelez-vous que son attitude ne dénote pas de l’indifférence ou du narcissisme. Prenez-le pour un contemplatif, pour une personne réfléchie.
Organiser le travail différemment
Maintenant que vous comprenez davantage les motivations profondes de votre patron, vous pouvez démontrer un souci de l’accommoder, dans la mesure du possible.
- Respectez sa solitude.
- Mais… continuez à lui adresser la parole ! Trouvez des sujets qui le passionnent pour continuer à entretenir une relation professionnelle, en gardant en tête qu’il ne deviendra pas votre meilleur ami. Les introvertis n’ont souvent que quelques très bons amis fidèles.
- Lorsqu’un patron est introverti, il y a de fortes chances qu’il ne donne pas de rétroaction. Demandez-lui directement d’évaluer votre travail.
- Si votre bureau est à aires ouvertes, ou avec des tables en cercles, proposez d’organiser l’espace différemment, pour qu’il puisse avoir un endroit où s’isoler.
- Suggérer que le travail d’équipe n’est pas indispensable dans tous les dossiers ou que le patron n’a pas besoin d’assister à toutes les réunions. Privilégiez les rencontres un à un sur des dossiers importants ou délicats.
- Surtout, lorsqu’il prend la parole, laissez-le terminer son idée.
Maintenant que vous cohabitez mieux avec l’introversion, la prochaine étape est de s’inspirer de la faculté à être stimulé sans apport extérieur. Isolez-vous parfois, pour retrouver la créativité dans le silence de la solitude. Et remerciez votre patron de vous avoir détourné de votre boulimie de sociabilité!