La parité, ou plutôt la disparité, des salaires entre les hommes et les femmes est encore et toujours d’actualité. Malgré le fait qu’au Québec, nous possédons depuis 1996 une Commission de l’équité salariale, il n’en demeure pas moins qu’ici, comme ailleurs, il existe encore des hommes mieux payés que les femmes pour un travail égal. Et si ce n’était plus une question d’équité, mais plutôt une question de négociation?

Les hommes, meilleurs négociateurs

Une étude réalisée conjointement par John A. List de l’Université de Chicago et Andreas Leibbrandt  de la Manish University démontre que, quand le contexte s’y prête, les hommes sont de meilleurs négociateurs en matière salariale que les femmes. Cette force de négociation expliquerait l’écart qui existe pour certains postes.

Pour arriver à cette conclusion, les deux universités ont interrogé 2500 personnes à la recherche d’un emploi. Chaque candidat a reçu une liste de divers emplois offerts regroupés selon deux critères clés.

Pour certaines offres, il était explicitement cité que le salaire pouvait être négocié. Par exemple, le poste affiché portait la mention suivante : « Salaire : 15 $/h, négociable ». Pour les autres, aucune mention du salaire ou de la possibilité de négociation n’était faite (Salaire : 15/h); il revenait au postulant de décider s’il irait de l’avant avec la négociation de sa rémunération ou non.

Les résultats de la recherche, publiés dans un journal commandité par le National Bureau of Economic Research, démontrent que lorsque la mention de possibilité de négocier est inscrite dans la description de l’offre d’emploi, les femmes se sentent à l’aise à demander plus d’argent qu’il ne leur en est offert au départ. Par contre, lorsqu’aucune mention de négociation n’est faite, elles n’en font pas mention et acceptent la rémunération proposée.

En revanche, les hommes n’ont aucune difficulté à entrer en négociation salariale, peu importe si l’offre d’emploi démontrait une ouverture sur ce sujet ou non. En fait, ils sont plus enclins à vouloir négocier leur salaire si les critères de rémunération sont flous, ou si le poste n’affiche pas que le salaire peut être négocié.

La localisation des candidats à travers les États-Unis avait aussi une incidence sur les résultats. À Dallas, San Francisco, Atlanta, San Diego et Houston, ce sont les femmes qui sont plus fortes en négos. Les hommes, quant à eux, excellent à Denver, Portland, Los Angeles et Washington DC.

On comprend donc que, dans le vrai monde, les emplois n’affichant pas de critères de rémunération fixe ou d’échelle salariale basée sur des informations précises (scolarité, ancienneté, expérience, etc.), les hommes réussissent souvent à obtenir un salaire nettement supérieur à celui des femmes ayant postulé pour le même type d’emploi.

Puisque la majorité des emplois n’affichent pas cette possibilité de négocier, les femmes acceptent, trop souvent, un salaire moindre.