Oubliez la passion, cherchez plutôt le flow…

par Peggy Bédard
Le flow est un concept élaboré par un psychologue hongrois. Plutôt que de chercher la passion au travail, il faudrait viser un certain état d’esprit pour être réellement efficace. Explications.
Au début des années 1970, le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi a voulu identifier les conditions qui pourraient définir ce que les gens décrivent comme les meilleurs moments de leur vie. Il a ainsi interrogé des sportifs, des musiciens et d’autres types de personnes qui consacraient temps et énergie à des activités, pour le simple plaisir de les faire, sans rechercher de gratification comme l’argent ou la reconnaissance sociale.
« Chaque jour, la personne heureuse fait au moins une chose difficile », a ainsi résumé Mihaly Csikszentmihalyi pour définir le concept de l’expérience optimale, surnommée le flow.
« Quand on ne voit plus le temps passer, qu’on ressent un sentiment de fierté, d’accomplissement et de contrôle, et que nous sommes concentré uniquement sur notre tâche, voilà le moment où l’on atteint le flow », explique de son côté Jean-Pierre Lemaître, expert en développement des compétences humaines.
Des compétences clés
Cette approche a fait son chemin et s’intègre maintenant en milieu de travail avec l’aide d’intervenants qui tentent de sensibiliser les gestionnaires aux vertus du flow.
Il est possible d’évaluer cet état en effectuant un bilan, présenté sous la forme d’un questionnaire, « une sorte de boussole émotionnelle », selon Jean-Pierre Lemaître. L’outil évalue plusieurs compétences non techniques, comme la capacité de travailler en équipe ou de suivre des consignes.
Une fois ces compétences identifiées, il faut choisir des activités capables de nous faire vivre l’expérience optimale, y mettre la dose nécessaire de défis et s’y engager pleinement. « Si certaines tâches sont ennuyeuses et que vous devez néanmoins les réaliser, il faut alors se concentrer sur le moment présent. Par exemple, découper une tâche en mini-tâches, afin de pouvoir mesurer le résultat immédiat de chacune d’entre elles », précise Jean-Pierre Lemaître.
Dans ce processus, la rétroaction vient jouer un rôle majeur. « Un retour d’information immédiat sur la qualité de ce que l’on fait nous permet d’apprécier l’importance et la pertinence de nos gestes et de nos choix », ajoute M. Lemaître.
Les bienfaits
En somme, « nous arrivons à l’état de flow lorsque nous faisons des activités pour lesquelles nous avons un intérêt particulier et qu’il y a un équilibre entre notre perception du défi et notre capacité à le relever », résume Jean-Pierre Lemaître. « On doit miser sur l’engagement dans une tâche exigeante qui fournit une rétroaction immédiate, qui requiert certaines de nos aptitudes, de la concentration, du contrôle sur nos actions, et qui permet d’oublier le temps. »
Le flow n’est pas utile qu’en milieu de travail. Il peut aussi s’avérer un mécanisme intéressant lors d’une démarche d’orientation, lorsqu’on recherche un nouvel emploi ou qu’on souhaite réorienter sa carrière.
Il permettrait de meilleures performances, plus de créativité, le développement de compétences et de l’estime de soi, tout en contribuant à réduire le stress. Une démarche qui peut donc se révéler bénéfique autant sur le plan professionnel que personnel.