Palmarès des pires excuses professionnelles

Les chercheurs d’emploi rivalisent d’originalité, ou au contraire en manquent cruellement, quand il s’agit d’inventer une raison pour ne pas s’être présenté à une entrevue d’embauche. Entre prouesse scénaristique et excuse très banale, un palmarès de petits et gros mensonges.
Pour tester leur imagination, certains recruteurs posent aux candidats des questions pour le moins insolites. « Comment déplaceriez-vous le mont Fuji? » ou « Combien de balles de golf un autobus scolaire peut-il contenir? » Ce genre de question fait partie du rituel des entretiens d’embauche de certaines entreprises, dont Google ou Microsoft.
Ces techniques sont plus communes dans le monde du travail anglophone. « Au Québec, les méthodes de recrutement sont plus conventionnelles », explique Marie-Josée Legris, directrice générale du cabinet Brisson Legris & associés. En revanche, chez nous, ce sont plutôt les candidats qui font parfois dans l’originalité lorsqu’il est question de rater une entrevue.
Ennuis mécaniques
« Si nous étions un garage, nous aurions déjà fait fortune », déclare malicieusement Pierre Chapuis, directeur de Télé-Ressources, un service de placement de personnel temporaire montréalais. En effet, quand vient le temps d’expliquer une absence ou un retard à une entrevue chez un client, l’avarie mécanique est un grand classique des raisons invoquées par ses intérimaires. « Tout y passe, poursuit-il. Les crevaisons, les pannes d’essence… Et bien sûr, en hiver, la voiture qui ne veut pas partir ou qui reste bloquée dans le banc de neige. » Même pas besoin d’un moteur pour se forger une bonne excuse liée au transport : il y a aussi ceux qui n’ont pas pu se rendre parce qu’ils n’avaient pas de monnaie pour le bus ou le métro.
Décès multiples
Mais ces excuses ne pourraient-elles pas être sincères? Après tout, les pannes sont des choses qui arrivent. « C’est davantage à la fréquence de ces excuses chez un même candidat que l’on va voir si c’est vrai ou non », explique M. Chapuis. Et s’il veut bien laisser le bénéfice du doute à certains conducteurs malchanceux, le spécialiste des ressources humaines en a de toute façon entendu d’autres, et des moins vraisemblables. « Certains de nos candidats ont enterré deux, voire trois fois leur grand-mère ou un autre membre de leur famille. Pour l’un d’eux, c’était à seulement deux semaines d’intervalle », raconte-t-il.
« Vous n’allez jamais me croire… »
La santé, un autre grand motif d’excuses pour la plupart très banales, donne parfois lieu à des efforts d’imagination aussi surprenants que peu convaincants. Comme ce candidat qui, en plein été, serait tombé dans un nid-de-poule rempli d’eau et aurait instantanément attrapé la grippe.
D’autres versent dans la psychologie : « Un de nos intérimaires a dit qu’il avait tourné les talons dès le stationnement de l’entreprise où il avait rendez-vous. Il a expliqué qu’il avait regardé quelles voitures y étaient garées, et en avait déduit que ce n’était pas un endroit pour lui », se souvient M. Chapuis. L’immeuble lui-même, effrayant ou laid, est également un motif d’absence souvent invoqué.
Au moment de chercher une excuse professionnelle, n’oubliez pas que vos interlocuteurs des ressources humaines ne sont pas nés de la dernière pluie dans ce domaine. Finalement, la vérité est peut-être le meilleur moyen de garder une bonne image auprès d’eux.