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Une étude (en fait un sondage, présenté comme une étude) et un colloque sur la dite-étude, dont le quotidien The Gazette faisait état récemment, laissent entendre que les anglo-Québécois seraient discriminés dans le marché du travail de la Belle Province. Surtout les jeunes.
La seule piste de réussite professionnelle qui s’offrirait, à leurs yeux, serait l’exil, selon l’auteur de l’étude, Richard Bouhris, professeur de psychologie à l’UQAM. Il a interrogé, pour ce faire, quelque 470 étudiants de l’UQAM et de l’Université McGill.
Autrement dit, 2014, c’est comme 1984, les ponchos K-way en moins. Image suffisamment choquante pour que la chroniqueuse Marie-Claude Ducas, s’interroge dans son blogue du Journal de Montréal : « se peut-il que les choses aient si peu changé? »
Je n’ai pu trouver de données de 1984 suffisamment fiables et comparables aujourd’hui, mais si on s’en tient aux statistiques les plus récentes sur le travail et la langue, qu’importe la manière de prendre la question (taux de chômage, taux d’emploi, salaire…), anglos et francos bénéficient de chances égales de réussite au Québec.
En 2012, 8,7% des anglophones souffraient du chômage, contre 8,4% des francophones, une différence insignifiante sur le plan statistique, selon le chercheur Jean-François Lepage, de Statistique Canada. Même chose pour le taux d’emploi : 57,3% pour les anglophones contre 59% pour les francophones.
Sa recherche démontre aussi que 17% des francophones au Québec gagnent plus de 1200$ par semaine, contre 18% des anglophones. Les anglophones forment 10 % des travailleurs au Québec, mais représentent 15% des effectifs dans le secteur lucratif de la finance, des assurances et de l’immobilier et 13% dans celui des services professionnels, scientifiques et techniques. À l’inverse, ils sont sous-représentés dans les administrations publiques (7 %) et dans la construction (5 %).
Étonnement, les minorités francophones hors-Québec en Ontario et tout l’Ouest sont proportionnellement plus nombreuses à gagner 1200$ et plus par semaine que la majorité anglophone! Dans l’Ouest, 29% des francophones atteignent ou dépassent ce seuil, contre 25% des anglophones. En Ontario, c’est 27%-24% en faveur des francos. Il n’y a que dans les Maritimes où les francophones gagnent moins que les anglophones.
Au Québec, ce qui fait la différence n’est pas la langue maternelle, mais les habilités en français et en anglais. Des travaux du démographe Patrick Sabourin suggèrent qu’en matière de salaire, selon les lignes de fractures linguistiques habituelles, l’unilingue francophone est désavantagé par rapport à l’unilingue anglophone, mais que le champion, c’est le travailleur capable de communiquer confortablement dans les deux langues, qu’il soit francophone ou anglophone. Le salaire annuel moyen des travailleurs à temps plein dont le français est la langue exclusive de travail est de 41 100 $, comparativement à 49 200 $ chez ceux utilisant seulement l’anglais, selon ses travaux. Les emplois bilingues sont encore plus avantageux, car ils rapportent en moyenne 53 900 $ par année.