Vous devriez prendre au moins deux semaines de vacances consécutives à chaque année, ce que de moins en moins de québécois font. C’est la recommandation de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agrées (CRHA), qui s’intéresse à chaque année au comportement estival des travailleurs.

Les résultats pour 2014 sont sans équivoque : les habitudes se transforment, et pas pour le mieux. Alors qu’en 2013 25% des travailleurs disait prendre une semaine de vacances ou moins, ce chiffre a grimpé à 35% pour cette année. « En fait, ce n’est pas que les gens prennent moins de vacances en terme de nombre de jours, mais ils les répartissent différemment », précise Florent Francoeur, président-directeur général du CRHA Ainsi, au lieu de prendre deux ou trois semaines consécutives, les gens préfèrent désormais prendre des vacances plus courtes et plus fréquentes. Selon le sondage, seulement 28% des québécois comptent prendre deux semaines consécutives de vacances cet été, contre 35% à pareille date l’an dernier.

Or, Florent Francoeur estime que pour pouvoir se reposer pleinement, ça prend au moins un bon deux semaines : « Le corps a besoin d’un vrai décrochage, de recharger ses batteries. En quittant pour une semaine, on garde souvent un lien avec le bureau ». D’ailleurs, le sondage a démontré que la moitié des travailleurs affirment que leurs vacances n’étaient pas suffisantes pour se reposer, encore une hausse par rapport à l’an dernier. En outre, près d’un Québécois sur quatre se dit déprimé à l’idée de reprendre le boulot, particulièrement chez les 18 à 34 ans. Mais c’est normal de ne pas avoir très envie de retourner au bureau, non? « Non », croit le PDG du CRHA. « C’est normal après de belles vacances de ne pas avoir très hâte de recommencer à travailler, mais déprimé est un mot très fort. Il n’est pas normal de voir le retour au travail comme une montagne insurmontable », précise-t-il.

Les femmes et les non-francophones en mauvaise posture

Si la tendance globale des travailleurs québécois penche vers la diminution des vacances estivales, la situation des femmes et des non-francophones est pire. La raison en un mot : la précarité. « Qu’on le veuille ou non, c’est souvent la femme qui a l’emploi le plus précaire, impliquant moins de choix de vacances. Elles ont aussi plus de responsabilités familiales, et tentent de coïncider leurs vacances avec les activités des enfants », croit Florent Francoeur. Même chose pour non-francophones, qui sont plus nombreux à occuper des emplois précaires.

Quoi qu’il en soit, la loi Québécoise oblige les employeurs à offrir des vacances, ce qui n’est pas le cas chez nos voisins du Sud, par exemple. D’ailleurs, le PDG du CRHA croit que l’influence américaine, où la culture des vacances est absente, peut avoir joué un rôle dans le changement des comportements. L’autre facteur : l’omniprésence de la technologie, qui brouille les frontières entre le privé et le professionnel. « On se lève en vérifiant les courriels, et on se couche après les avoir consulté une dernière fois », conclut Florent Francoeur.

Le mot d’ordre, donc : décrocher… littéralement!