Quels débouchés pour les titulaires d’un doctorat?

Le Conference Board du Canada a récemment publié un important rapport au sujet des carrières des titulaires d’un doctorat. Seuls 19 % d’entre eux réalisent le scénario classique : devenir professeur à l’université à temps plein.
Environ 40 % occupent des emplois connexes dans le domaine de l’enseignement postsecondaire. Que font les autres? Aperçu des avenues professionnelles alternatives empruntées ces travailleurs hyperscolarisés.
La recherche : pas seulement à l’université!
Ce n’est pas en visant un poste de professeure que Raphaëlle Proulx s’est inscrite au doctorat en anthropologie. Pourquoi se lancer dans cette aventure universitaire, alors? « Je voulais faire une recherche de terrain en anthropologie, et le doctorat était le seul moyen de le faire. »
Même si toute sa formation doctorale la poussait vers le rôle de professeur-chercheur, c’est plutôt le monde du documentaire qui intéressait la jeune femme. Un domaine dans lequel elle a réussi à s’introduire un peu par hasard : une boîte de production documentaire l’a contactée pour l’interviewer en tant que spécialiste du graffiti et a fini par l’intégrer à l’équipe comme recherchiste.
Raphaëlle Proulx fait ainsi partie des quelque 40 % de docteurs qui, selon le rapport du Conference Board, roulent leur bosse professionnelle hors du secteur de l’enseignement postsecondaire. Elle fait aussi partie des 2,3 % des titulaires de doctorat qui font carrière dans le domaine des arts, de la culture et des loisirs.
D’autres, en particulier ceux qui ont été formés en sciences, travaillent comme chercheurs dans des laboratoires universitaires ou privés. C’est le cas d’Émilie Pepin. Quatre ans après avoir soutenu sa thèse, cette docteure en biologie moléculaire est aujourd’hui agente de recherche dans un laboratoire du CHUM. Elle avait auparavant occupé un poste de chercheure junior dans une compagnie de biotechnologie.
Après l’enseignement universitaire et les emplois connexes, le domaine des sciences naturelles et appliquées est celui qui emploie le plus de Ph. D : 16,9 % des docteurs y font carrière, selon l’étude du Conference Board. Il est suivi de près par le domaine que forment le droit, les organismes communautaires et la fonction publique, qui fournit du travail à 11,4 % des titulaires de doctorat, ainsi que par celui de la santé (11,3 %).
Des postes diversifiés
Sur son blogue From PhD to Life, la coach de carrière torontoise Jennifer Polk, elle-même docteure en histoire, publie régulièrement des entrevues avec des diplômés du troisième cycle à propos de leur parcours professionnel. Les postes qu’ils occupent sont des plus divers : de directeur du développement à auteure, en passant par gestionnaire de contenu, rédacteur scientifique, directrice d’une ONG, journaliste indépendant, analyste financier, directeur de comptes, bibliothécaire, éditeur et même chercheur chez Microsoft (après un doctorat en sociologie!).
Des travailleurs aux compétences multiples
Les universités ont-elles à cœur de préparer leurs étudiants de troisième cycle à ces voies professionnelles non universitaires? « Tout à fait », assure Angélique Desgroseillers, conseillère en développement de carrière à l’Université de Montréal. L’équipe dont elle fait partie offre aux étudiants des cycles supérieurs des ateliers de gestion de carrière de même que des rencontres individuelles sur ce thème.
Selon elle, le défi de ces diplômés est double: ils doivent d’une part apprendre à se définir autrement que par leur diplôme et, d’autre part, faire valoir leurs compétences auprès d’employeurs parfois réticents à embaucher des individus qu’ils estiment surspécialisés.
À tort, croit Angélique Desgroseillers, qui ne tarit pas d’éloges envers ces candidats. Elle les dit « allumés, stimulés, créatifs, capables de mener de grands projets de A à Z, très autonomes, dotés de leadership, de sens de l’initiative et de l’éthique, d’habiletés en analyse, en résolution de problèmes et en innovation. Le marché du travail gagne à les connaître! »
Une carrière satisfaisante
La plupart des titulaires de doctorat trouvent apparemment chaussure à leur pied. Le rapport du Conference Board souligne en effet que « la plupart sont satisfaits de leur carrière. Ils ont un taux de chômage plus bas et un taux d’activité plus élevé que les détenteurs d’une maîtrise ou d’un baccalauréat ».
Sans compter que leurs revenus annuels sont plus élevés que ceux de toute autre catégorie de diplômés : 94 200 $ en moyenne. Mais leur entrée tardive sur le marché du travail tempère considérablement cet avantage.
Une transition ardue
Le rapport du Conference Board met également en relief la difficile transition entre le monde universitaire et les autres domaines d’emploi.
À ce sujet, Raphaëlle Proulx et Jennifer Polk offrent le même conseil aux doctorants : commencer bien avant la fin de leurs études à explorer des voies professionnelles hors du monde universitaire et à construire leur réseau.
Blogue From PhD to Life
http://fromphdtolife.com/resources/transition-q-as