À l’ère numérique où il est si facile de trouver des renseignements sur les gens qu’on rencontre, l’échange de cartes professionnelles est-il encore pertinent?

 

Pourquoi une carte en 2013?

Sandrine Théard, experte en recrutement, pense que la carte professionnelle a toujours sa place…, pour l’instant. « Leur échange reste un automatisme, dit-elle. Tout le monde a une carte, alors que ce n’est pas encore le cas pour les téléphones intelligents. »

Même avec le dernier modèle de téléphone en poche, avoir les mains vides lors d’un échange de cartes génère un léger malaise en 2013. Et pour l’interlocuteur, quelle vision est la plus agréable : quelqu’un qui prend la carte offerte ou quelqu’un qui « pitonne » des coordonnées, les yeux rivés sur l’écran de son téléphone?

 

Carte 1.0, utilisation 2.0

Les cartes professionnelles font maintenant le pont entre les échanges en personne, et leur continuité sur les réseaux : « On les ramasse dans les activités de réseautage et on les conserve jusqu’à ce qu’on arrive à la maison pour googler les profils intéressants et faire les demandes de contact sur LinkedIn. La durée de vie des cartes professionnelles est beaucoup plus courte », explique Sandrine Théard.

S’il est possible de passer directement de la rencontre physique à la rencontre 2.0 grâce à des applications comme BUMP -qui permet de partager des contacts en entrechoquant deux téléphones intelligents- en réalité, leur utilisation demeure marginale. À moins d’être convaincu de la geekitude de la personne devant soi, lui remettre une carte est une approche plus habile que de lui demander 1) si elle a un téléphone intelligent, 2) si elle a installé telle appli.

Plus populaires, des applications comme CamCard et ScanBizCard numérisent les données de la carte par la simple prise d’une photo, permettant ainsi de gérer ses contacts et de les consulter à même son téléphone intelligent. Un petit « scan » discret, une lecture en diagonale, et hop, du contenu pour mieux diriger la conversation avec un partenaire potentiel.

 

La carte professionnelle au XXIe siècle

Encore aujourd’hui, une « belle carte » ou une « bonne idée » permet à son auteur de se démarquer.  Ce qui les qualifie a toujours évolué selon les modes et les moyens technologiques.

Les dernières tendances chez les très technos : la simplicité.  Une personne ou entreprise qui a réservé son nom aura le même pour toutes ses présences Web – site Web, page Facebook, compte Twitter, profil LinkedIn, etc. – de sorte qu’elles peuvent être devinées ou trouvées facilement. Exemple : Jean@JeanTremblay.com.  Cette approche aussi minimaliste n’est pas indiquée dans bien des secteurs où les gens n’y verront qu’une adresse courriel. Il vaut mieux alors y préciser le nom d’usager Twitter (@JeanTremblay), par exemple ou, à tout le moins, ajouter l’icône du site de microblogage pour faciliter la prise de contact.

Est-on plus de son temps si on est partout? Sandrine Théard fait une mise en garde : « Chaque renseignement devrait apporter une valeur ajoutée. Vous avez un compte Twitter, mais vous ne l’utilisez pas? Ne le mettez pas sur votre carte. Au lieu de montrer une image actuelle, vous montrez plutôt une présence superficielle négligée. »

Une nouvelle tendance : les codes QR, ces codes graphiques que l’on scanne avec un téléphone intelligent ou une Webcam pour déclencher une action. Attention : les geeks souhaiteront accéder directement à du contenu intéressant, une vidéo démonstrative, par exemple, plutôt que d’être dirigés sur la page d’accueil d’un site Web, alors les autres ne maîtrisant pas cette empreinte digitale ne s’y rendront probablement jamais.