Réseautage : l’homme plus fort que la machine

Avec l’omniprésence d’Internet, on pourrait penser que réseauter se résume désormais à mettre son CV en ligne, à fréquenter les réseaux sociaux et à envoyer des candidatures groupées par courriel. Grave erreur!
Oui, les réseaux sociaux permettent maintenant de repérer des contacts potentiel et de les évaluer, explique Lise Cardinal, présidente de Lise Cardinal et associés, un cabinet montréalais de formation en réseautage stratégique et durable. Mais il serait réducteur de les considérer comme du « réseautage », insiste-t-elle.
En aucun cas le réseautage numérique ne peut remplacer le réseautage en personne. Nos démarches sur la Toile doivent obligatoirement déboucher sur une rencontre en chair et en os pour apporter des bénéfices réels et durables. « Les bases d’une relation solide, c’est une question de chimie entre deux personnes. Or, on ne peut savoir si ça clique que face à face », dit Mme Cardinal.
Des réseaux pas si sociaux
Internet a complètement changé les règles du jeu, jusqu’à mettre la charrue avant les bœufs. « Avant, on rencontrait quelqu’un dans la vraie vie et, s’il y avait affinité, on se documentait sur la personne. Aujourd’hui, on sait tout du parcours et des compétences de notre “prospect” avant même de lui avoir serré la main, illustre Mme Cardinal. Nous nageons en plein paradoxe : les moyens de communication n’ont jamais été aussi nombreux, mais nous nous écrivons des courriels sur le même étage plutôt que de nous parler. Finalement, Internet crée de la distance entre les humains. »
De plus, privilégier la Toile n’est pas forcément productif, car les mirages et les mensonges y pullulent. Outre les CV faux ou « recyclés », Mme Cardinal se souvient d’un formateur qui a communiqué longtemps via Internet avec un associé potentiel pour se rendre compte finalement qu’il était… bègue.
Comme Internet est devenu la norme du réseautage, Lise Cardinal conseille de lui tourner parfois le dos pour se démarquer. « Utilisez-le pour cibler une entreprise et une personne qui y travaille, mais envoyez votre candidature par la poste. Vous avez bien plus de chances d’être lu avec une feuille de papier et un bon vieux timbre qu’avec un courriel noyé parmi des centaines d’autres. »
Être quelqu’un de bien
Dommage pour les introvertis et les asociaux, mais réseauter efficacement implique forcément de passer de la machine à l’homme. Que l’on ait déjà été en contact virtuel avec la personne ou pas, une rencontre est indispensable puisqu’on se lie par affinités humaines. « Au moment de choisir son réseau social professionnel, il faut donc favoriser ceux qui proposent des réunions périodiques de leurs membres, conseille Mme Cardinal. LinkedIn, par exemple, propose ce genre de rendez-vous dans toutes les grandes villes. »
Une fois physiquement parmi les autres réseauteurs, vous offrez donc plus une personne que des compétences. Par conséquent, un grand réseauteur a avant tout des qualités humaines. Il doit en plus trouver l’équilibre parfois délicat entre une bonne préparation pour passer rapidement son message, et rester fidèle à lui-même.
« Il faut s’intéresser sincèrement à la personne pour réussir à l’intéresser et à la marquer positivement, le tout en moins de 45 secondes, explique Mme Cardinal. Mais attention aux excès ! Les gens aiment acheter, mais détestent se faire vendre. » La plus grave erreur possible, c’est de concevoir le réseautage comme un moyen de prendre, et de ne jamais donner. Créer une relation veut dire avant tout échanger. « Le bon réseauteur doit avoir quelque chose à offrir, être prêt à donner de l’info pertinente. Il doit donc savoir où il met les pieds et ce qu’il vient y faire. »
Réseauter longtemps, partout
Autres vertus du grand réseauteur : la constance et la patience. Un réseau se sème et se cultive avant de donner des résultats. Et une fois pleinement développé, il s’entretient, même si vous changez de domaine d’activité.
Il faut aussi acquérir le réflexe de réseauter tout le temps, même dans sa vie privée. « Au Québec, les familles sont grandes, il faut en profiter! explique Mme cardinal. Certaines personnes me disent : “Je consacre le 28 et le 29 de chaque mois au réseautage.” J’ai envie de leur demander : “Donc, vous êtes aimables deux jours par mois et des mufles le reste du temps?” »
Bref, le bon réseauteur sait ce qu’il veut. Il sait le dire, il sait apprécier l’aide qu’il reçoit et le montrer en renvoyant l’ascenseur. Et tout ça en permanence.
Si vous êtes prêt à vraiment réseauter, sortez le nez dehors. Sinon, on se revoit sur Facebook…