Vous collectionnez les employeurs dans votre CV? Quels effets ont ces changements d’emplois fréquents sur la perception qu’a de vous le recruteur? Et sur votre avenir professionnel? Mylène Beaudoin, experte en recherche d’emploi et recrutement, nous éclaire sur le saute-mouton professionnel.

« Il existe plusieurs façons d’interpréter cette situation pour le recruteur. L’important pour le candidat est d’en être conscient et de se préparer à répondre aux appréhensions dans le but de rassurer et de convaincre le futur employeur », explique d’entrée de jeu Mylène Beaudoin.

Le pour
Les changements fréquents peuvent dans certains cas démontrer une bonne capacité d’adaptation et un plan de carrière sérieux. « Si le candidat est en mesure de bien les justifier et que sa personnalité cadre avec l’équipe et le supérieur, il est logique de lui donner sa chance. Un candidat, ce n’est pas seulement un historique d’emploi, c’est un package! »
L’employé peut donc réellement en tirer avantage dans son argumentation si les transitions sont expliquées par l’ambition et par une progression dans sa carrière. Les changements sont alors présentés comme étant stratégiques.

Le contre
Le passé est garant du futur, et garder un emploi plusieurs années démontre véritablement de la loyauté. À l’inverse, le saute-mouton professionnel peut traduire un manque de stabilité, de professionnalisme ou même de compétences. L’employeur investit dans la formation et la mise à niveau d’un nouvel employé en espérant le voir évoluer à long terme au sein de l’entreprise, il est donc normal qu’il ait des réserves face à des changements trop nombreux.

« Certaines entreprises ont des barèmes discriminatoires en ce sens. Par exemple, les candidats ayant dans leur CV des expériences d’emplois d’une durée inférieure à trois ans ne seront pas appelés en entrevue », souligne Mme Beaudoin.

Aujourd’hui, les employés changent d’emploi en moyenne aux 3 ou 4 ans, les recruteurs doivent donc relativiser et s’adapter aux nouvelles réalités du marché du travail. Par contre, il est certain qu’un sérieux doute (red flag dans le jargon des recruteurs) se dressera presque toujours si le candidat a occupé plusieurs emplois d’une durée inférieure à un an.

Les conseils en vrac de Mylène Beaudoin

  • « Si votre contrat se termine à cause d’un conflit avec l’employeur, ou encore si votre poste a été aboli après quelques mois et que vous n’avez pas besoin des références, je conseille de ne pas l’ajouter à votre CV. En tant que recruteur, je peux aisément accepter un blanc de un à quatre mois dans une carrière. »
  • « J’encourage souvent les candidats à accepter des postes temporaires, puisque quatre sur dix débouchent sur un poste permanent. Si vous cumulez des contrats à durée déterminée, il est sage d’indiquer clairement la raison du mandat, par exemple : remplacement de congé de maternité ou encore poste saisonnier. »
  • « Soyez honnête! Les recruteurs vérifient les références surtout lorsqu’ils ont des doutes sur les raisons de départ. »