Réussir au travail, c’est aussi adopter le style et le discours qui convient à notre entreprise. Mais c’est aussi savoir se démarquer. Où placer la limite?

 

Si on a su choisir judicieusement son employeur, la question prend des allures de faux débat, estime Manon Cléroux, directrice générale de Brisson-Legris, un cabinet montréalais d’accompagnement professionnel.

 

« Être à sa place, professionnellement parlant, ça veut dire être aligné avec soi-même et avec son entreprise, explique-t-elle. Se conformer, c’est subir des valeurs ou des façons de faire en contradiction avec les nôtres. Cela ne devrait jamais arriver si on a fait le bon choix dès le départ. »

 

Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas quelques concessions à faire, évidemment. « Si vous devez vous conformer, il y a un problème, continue Mme Cléroux. En revanche, vous devez être capable de vous adapter à vos collègues, à votre environnement et aux nouvelles méthodes de travail. »

 

D’accord, mais jusqu’où peut on s’adapter sans se conformer? « S’adapter, c’est être capable de s’autogérer émotivement pour pouvoir travailler avec les autres. C’est une simple modification de comportement, quelque chose qui peut s’apprendre. Rien à voir avec le fait de devoir piétiner ses valeurs fondamentales. C’est une situation qui, au mieux, ne pourra qu’être endurée provisoirement. »

 

S’adapter et se conformer n’auraient donc rien à voir. Les deux notions s’opposeraient même, d’une certaine manière : « savoir s’adapter est une démarche proactive qui démontre une maturité professionnelle, une certaine humilité aussi. Alors que se conformer, c’est une démarche passive, un signe de faiblesse, voire de servilité. »

 

Tout repose sur la concordance des valeurs du travailleur avec celles de l’entreprise. Il faut donc bien s’assurer d’où on veut mettre les pieds. « Parfois, c’est évident, illustre Mme Cléroux. Par exemple, on sait bien que la banque est un milieu professionnel très traditionnel, ou que la pub est plus fantaisiste. Si vous n’aimez pas porter de cravate, il n’y a pas d’hésitation à avoir. »

 

Si c’est plus subtil, un travail de recherche s’impose pour traquer ces petites choses qui ne sont jamais dans les offres d’emploi ni sur les sites Web des employeurs, mais qui constituent autant d’attentes tacites auxquelles il vous faudra répondre. « Le mieux reste d’en parler avec des gens qui travaillent dans ces milieux-là. Les réseaux sociaux tels que LinkedIn sont très pratiques pour ça. Attention à ne pas poser que des questions sur les connaissances et les compétences requises ! Ça reste l’erreur la plus fréquente, alors que c’est tout aussi important d’identifier les aspects humains qui font ou défont le fit entre vous et l’entreprise », conseille-t-elle.

 

Si vous avez bien fait tous vos devoirs, la question de se distinguer va aussi se régler d’elle-même, selon Mme Cléroux. « Si l’entreprise me convient, on va y exploiter mes talents de façon optimale. La distinction viendra naturellement, sans efforts. »

 

Mais attention là encore : cela ne vous dispense pas de vous créer un réseau dans l’entreprise, ce qui reste un volet essentiel de votre carrière. Il faut juste le faire sainement, c’est-à-dire en faisant reconnaître ses services à leur juste valeur.